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Bienvenue à toi, aventureux surfeur, qui vient s'échouer en quête de sens gustatif. Ici tu trouveras des récits d'agapes, des notes de dégustations bacchiques et des adresses prometteuses compilées avec amour.

mercredi 6 février 2008

Qu'est-ce qu'un amateur (de vin) ?

Une très belle définition, donnée par Jean-Paul Kauffmann, à laquelle j'adhère totalement :

"Il faut en revenir au sens premier de ce mot. L’amateur est celui qui aime, tout simplement. Il y a beaucoup de manières d’aimer. De goûter, à mon avis, il n’y en a qu’une. C’est de se conformer à son propre plaisir, à sa propre intuition sans se laisser influencer par autrui, par la doxa comme l’on dit aujourd’hui, c’est-à-dire l’opinion admise, le politiquement correct. « L’amateur se choisit les situations » affirmait Nietzsche. L’amateur est à l’opposé du spécialiste, l’homme qui sait, tranche et se prononce à la place des autres. Nous périssons de cette culture de l’expert qui prétend tout évaluer en oubliant la délectation. L’amateur, à la différence de prescripteurs comme les critiques de vin ou les sommeliers, ne saurait être un homme de pouvoir. Quand je m’occupais de L’Amateur de Bordeaux, l’aspect technique me cassait les pieds, j’ai fini par m’y intéresser à mon corps défendant grâce à des pédagogues remarquables comme Emile Peynaud ou Denis Dubourdieu mais c’est le vin dans le verre et son contexte culturel qui m’ont toujours importé. Que de cuviers ai-je pu visiter de mauvaise grâce mais en faisant bonne figure ! Ils se ressemblent tous : les pompes, l’inox, ça manque totalement de poésie. En plus ces lieux sont humides, dominés par des courants d’air et on s’y gèle en hiver. C’est la part enfantine des propriétaires : ils veulent toujours qu’on admire leur dernier joujou technologique. Personnellement je préfère la vigne, le contact avec le sol mais il est significatif que ce sont les installations qu’on nous fait souvent visiter en priorité.
Tout cela pour dire que l’amateur ne se prend pas au sérieux. En revanche, il prend au sérieux ses sensations et ses émotions. Je défends passionnément l’idée de gratuité qui n’est rien d’autre que la forme suprême du dilettantisme : une manière de détachement, une absence de professionnalisme – chacun son métier : le viticulteur et l’œnologue sont engagés dans les applications pratiques de la science. Pas trop tout de même car ils ont souvent la main lourde. Mais à l’amateur, il n’est demandé que l’aptitude à sentir, à discerner les beautés et les défauts d’un vin, à formuler un jugement personnel – ce qui n’est pas mince. "

Texte intégral ici : http://www.berthomeau.com/article-15960710.html
François

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