Bienvenue

Bienvenue à toi, aventureux surfeur, qui vient s'échouer en quête de sens gustatif. Ici tu trouveras des récits d'agapes, des notes de dégustations bacchiques et des adresses prometteuses compilées avec amour.

dimanche 30 mars 2008

Weekend Viticole Part 3 : Groslay

Ces derniers temps, il semblerait, à l’instar des vide-greniers de province, que les salons viticoles se multiplient au risque de se télescoper. La saison me direz-vous. Certes, mais la tâche pour nous autres amateurs ne s’en trouve guère facilitée. Et bien qu’en l’occurrence, le mot tâche s’apparente difficilement à une corvée, nos foies auraient tendance à s’engorger rapidement (cf. les deux épisodes précédents).

Plus prosaïquement, c’est à la tenue des élections qu’on doit le décalage de planification du Salon des Vins de Groslay, le rendant concomitant à celui des Vignerons Indépendants. Qu’à cela ne tienne, c’est le cœur vaillant et fraichement levés (blâmons en cela le changement d’heure) que nous nous aventurons dans la banlieue Nord. Grace à Bidule, notre infaillible GPS, nous arrivons à la Salle des Sports, reconvertie pour l’occasion.

Verre en main, nous rendons d’abord visite à celui à qui nous devons d’avoir reçu une invitation, le très sympathique Vincent Ricard. Nous regoutons avec plaisir certains 2006 que nous avons découverts en juillet dernier à la propriété et faisons connaissance avec une partie des 2007 : les cuvées de gamay sont surprenantes car atypiques et les blancs secs ont beaucoup de puissance, surtout « Les Trois Chênes ».
Cerise sur le gâteau : « L’Effrontée » 2006, un très beau liquoreux qui prouve qu’en dehors du Sud-ouest, on peut faire du beau sauvignon en surmaturité.

Nous continuons dans le sauvignon mais plus en amont, chez Alphonse Mellot. Nous ne goutons que les blancs et seule la cuvée « La Moussière » trouve grâce à nos yeux. Et quand je dis grâce, c’est un euphémisme. « Grande claque dans la figure » serait plus approprié tellement le vin est puissant. Néanmoins, la bouche est bien équilibrée, voire élégante.

Puis, flânant au hasard, nous faisons connaissance avec les propriétaires du Domaine Denis Lattard, sis en Drôme du Nord. Leurs vins sont eux aussi atypiques :
- La Roussanne 2004 est citrus, poire, avec une pointe animale et très longue
- Le Condrieu 2003 est très complexe, figue verte, pêche jaune et miellé.
- Les cuvées de Syrah sont toutes plus puissantes les unes que les autres. 2003 est énorme !
- Enorme « petite douceur » avec la cuvée « Lattardive », du viognier en surmaturité, qui ressemble à du raisin sec de Smyrne.

Retour à plus de légèreté chez Jacky Blot. Nous avons l’occasion de goûter le Montlouis « Rémus » (sec) 2006 que nous avons commandé en primeurs. Pari gagné, c’est vraiment l’un des plus beaux secs de cette rive de la Loire. Les cuvées de moelleux et liquoreux ne sont pas en reste. Plus la sucrosité augmente, plus la sensation de légèreté augmente en parallèle. Le point culminant est atteint avec la cuvée « Romulus » 2006. Son prix malheureusement dissuasif nous laisse un petit pincement au cœur.
Nous avions gouté les tous premiers bourgueils du Domaine de la Butte après son rachat par Jacky Blot en 2002 et le résultat était déjà très prometteur. Après quelques années de travail du sol, les vins ont gagné en précision. La cuvée « Mi-Pente » est bien loin des cabernets-francs végétaux qu’on rencontre parfois. La maturité est là, bien visible dans les tannins que même Gwenola apprécie. Pour un plaisir plus immédiat, car « Mi-Pente » supportera sans problèmes quelques années de repos, nous avons retenu le « Haut de la Butte ».

Avant-dernière visite au Domaine de Trapadis. De jolis Cotes-du –Rhône et un très beau Rasteau VDN, « confiture de mure et cerise » dixit ma Romanée-Conti.

Dernière visite chez Monsieur Régis Bergheaud, apiculteur à Coulouma, qui fait uniquement des miels mono-floraux. Le premier est un miel de lavande délicieusement parfumé pour mettre sur les tartines du matin. Le second que nous goûtons est un miel d’arbousier extrêmement amer qui parait-il fait des merveilles en cuisine. Nous ne manquerons pas de tester prochainement.

Nous terminons cet épuisant weekend au thé, accompagné de gâteaux et petits fours que nous sauvons de l’abandon chez notre boulanger-pâtissier favori.

François

vendredi 28 mars 2008

Weekend Viticole Part 2 : Lorsque vins et fromages se retrouvent autour d’une table

Notre ami Bobosse et sa femme Brigitte ont organisé un dîner fromages et vins pour douze convives.
L’accueil de nos maîtres de cérémonie est très chaleureux et on commence à entendre quelques rires au moment de passer à table.

Pour commencer, Crémant de Bourgogne, Domaine du Grison ; une bouche en finesse sur l’abricot et la pêche qui nous met en appétit.

Pour les mises en bouche, nous partons dans la Loire avec une variation sur la chèvre : Tambourin, Valençay et Brique frais ; Charolais, Bonde et Boutons secs. Trois vins sont servis pour accompagner les fromages : St Peray Blanc, Domaine Alain Voge, cuvée « Fleur de Crussol », 2005 ; Saumur Blanc, Domaine des Roches Neuves, cuvée « Insolite », 2006 servi carafé et un Pouilly-Fuissé, Domaine Michel Delorme, cuvée « Vieilles Vignes », 2004 : J’ai beaucoup aimé le Saint Peray qui malgré son jeune âge se révèle déjà complexe, puissant et long.

Le deuxième service se compose d’un seul fromage, un Saint Jacques (Coulommiers) au cœur crémeux à la truffe. Un seul fromage pour trois vins : Chassagne-Montrachet, Premier Cru Clos St Jean, Domaine Michel Niellon, 1999 ; Pomerol, Château Taillefer, 2000 (carafé) et Pomerol, Château Beauregard, 1993 (carafé).
Le côté animal des Pomerols se marie très bien avec la truffe. J’ai une préférence pour le Beauregard 93 pour ses tanins souples, son fruité fruits noirs et sa belle vivacité. Le Saint Jacques, étant un fromage assez doux, supporte bien le vin rouge.

Les fromages à croute lavée (Munster, Livarot, Pont L’Evêque et Epoisses) sont servis avec un Puligny-Montrachet, Premier Cru Les Pucelles, Domaine O. Leflaive, 1995 et un Gewurztraminer, Grand Cru Pfersigberg, Domaine Paul Ginglinger, 2002.
Seul, je trouve le Puligny d’une très grande classe, mais il se trouve un peu écrasé par les fromages. A l’inverse, le Gewurztraminer seul avait une amertume un peu gênante mais avec l’époisses c’est une révélation. Les notes de roses du vin et le côté butyrique du fromage se marient superbement bien. Pour moi, c’est l’accord de la soirée.

Quatrième service avec les pâtes persillées (Roquefort rouge et bleu, Fourme d’Ambert et Bleu de Chèvre). Il fallait bien trois vins pour les soutenir : Gewurztraminer Vendanges Tardives, Domaine Paul Ginglinger, 2005 (carafé) ; Coteaux du Layon Chaumes, Domaine Blanchereau, cuvée « Privilège », 1997 et Sauternes, Château Bastor Lamontagne, 1975.
Dans le premier verre nous avons un macaron à la rose et aux framboises, dans le deuxième la pureté du chenin avec l’élégance et la fraîcheur du botrytis et enfin dans le troisième verre la force du sémillon botrytisé avec un début d’oxydation.
Le bleu de chèvre met tout le monde d’accord en les écrasant tous. Mais le Roquefort rouge et le chenin font un très joli couple.

Petite pause verte avec de la mâche et de la roquette en vinaigrette.

Les fromages à pâtes pressées cuites et non cuites composent le cinquième service (comtés, mimolette et vieux gouda). Côté vins c’est un carton plein jurassien Traminer, Domaine André et Mireille Tissot, 2006 ; Côtes du Jura Vin Jaune, Château d’Arlay, 1999 et Arbois Vin Jaune, Domaine Rolet, 1983.
Belle découverte avec le Traminer, frais, aérien, citrus et floral que je ne connaissais pas. Par contre, je confirme que le Savagnin c’est pas mon copain sauf dans la cuisine !

Après tout ce sel, une petite touche sucrée est la bienvenue. Ne pouvant malheureusement goûter le tiramisu aux fruits rouges sous peine de finir aux urgences à cause des cerises, je me rabats sur le crumble aux pommes et le Porto Vintage, Sandeman, 1967 (carafé).
Superbe vin sur les fruits rouges et noirs confiturés. Très long et sans lourdeur.

Enfin thé et café avec quelques fritures et mendiants au chocolat.

Un grand merci à Brigitte et Bruno de nous avoir accueillis chez eux et à tous les amis présents qui ont apporté bouteilles et bonne humeur.

Gwenola

Weekend Viticole Part 1 : Au Salon

Un weekend de foliiiiiie nous attendait.

Acte Un : vendredi 10h, Espace Champerret, au Salon des Vignerons Indépendants.

Pour ce rendez-vous bisannuel, notre programme était plutôt allégé en prévision d'une virée printanière en Pays de Loire. Néanmoins, nous avons fait quelques découvertes intéressantes.

Suivez-nous...

On attaque par les blancs au stand de François Chidaine, producteur de Montlouis et Vouvray. Les 2006 sont marqués par des sucres résiduels, y compris sur les vins secs. Cependant, les équilibres sont bons et la signature Chidaine (droiture, netteté) est bien présente. A revoir en juin.

Un peu plus en aval, chez Jo Landron (Domaine de la Louvetrie) : des muscadets haut de gamme dont les cuvées Amphibolite et Fief du Breil sont les fers de lance. J'aime également beaucoup la cuvée Hermine d'Or malheureusement absente. A revoir également en juin.

Quand on aime, on y revient... nous revoyons avec plaisir Madame Laroche mère et Mademoiselle Laroche fille, encore célibataire ;) , du Domaine aux Moines. Connaissant bien leurs vins, nous nous contentons de regouter une connaissance lointaine, à savoir le Savennières-Roche-aux-Moines 1999. Une bouche riche, droite, tout en miel, miam !

Après une bonne heure passée à discuter et un verre d'excellent Anjou-Village rouge 2004, nous poursuivons notre périple.

Au fil des allées, je remarque un visage inconnu mais sympathique derrière un stand jurassien. Grand amateur des vins de la région, je pars en exploration de la production. Jean-Luc Mouillard est vigneron à Mantry, entre Poligny et Arbois. Parmi une gamme classique, nous (oui, je dis bien 'nous' car, après moults "c'est pas bon", Gwenola découvre enfin des vins du Jura qui trouvent gré à ses yeux), nous donc retenons :
- Le Cotes du Jura 2004
- Le Chateau-Chalon 2000
tous deux avec beaucoup de finesse et d'élégance. Les rouges sont également intéressants.

Changement de région. Nous profitons de la présence de nombreux (huit stands...) vignerons corses pour nous replonger dans les spécificités des vins de l'Ile de Beauté.
Nous commençons par le Domaine Torracia. Le blanc, pur vermentino, est plaisant mais sans plus. En revanche, une belle gamme de rouges dont la cuvée Oriu reste le point d'orgue.
A l'inverse, au Clos Culombu, nous retenons le blanc très expressif.

En prévision de notre soirée chargée (voir épisode suivant), nous écourtons la dégustation corse pour nous pencher sur un stand fortement recommandé : le Domaine Rabasse-Charavin.

A Cairanne, Corrine Couturier produit Cotes-du-Rhône, Cairanne et Rasteau. Tous les vins sont de bonne facture et à des prix raisonnables.

Un dernier détour au stand du Domaine Cady, où nous rencontrons Alexandre pour la première fois. La relève étant assurée, nous dégustons sereinement le Layon Saint-Aubin 2006. Pour les Cady, il s'agit d'un millésime hors-norme car les liquoreux en seront absents. Nous dégusterons "Les Varennes" en juin prochain.

Une fois de plus, et contre toute attente (et autre bonne résolution...), nous quittons l'Espace Champerret un peu chargés et pressés de rentrer nous reposer un peu avant l'épreuve du soir.



François

samedi 22 mars 2008

Hydrocarbures... avec deux 't' comme dans cheval...

Dans notre vocabulaire, il est des mots qui ont une résonance toute particulière : partage, amitié, plaisir.
Depuis hier, il s'est enrichi du mot folie. Non pas folie pathologique mais folie douce. En effet, comment décrire autrement la soirée d'hier ?

Éric et Jean-Paul sont deux passionnés, que dis-je, deux extra-terrestres. Tous deux ont constitué des caves qui en font rêver plus d'un (à commencer par nous...). Cependant, contrairement aux buveurs d'étiquettes et spéculateurs de tous poils, ils ont ce sens du partage qui ont font des convives et amis très précieux. Jugez plutôt :

Au sein du restaurant "Le Goût des Hôtes" (rue de Constantinople), ils avaient convié 12 amateurs passionnés, dont bien entendu nous étions, alléchés par un programme sujet à nombre de spéculations. Bouteilles de légende, millésimes mythiques, chacun y allait de son pronostic pythonisse.
Nous ne fûmes point déçus.

Je vous épargnerai une longue litanie (26 bouteilles...) en ne conservant ci-après que les commentaires les plus intéressants :


* Une robe ambrée, un vin perlant dans le verre. Un nez de rancio (cire/miel) évoluant sur l'orange confite puis la morille et le sucre cuit. Une bouche, perlante, s'épanouissant sur la puissance et la longueur. Dom Pérignon 1964.

* Une robe jaune/verte, très limpide. Le nez est expressif, légèrement boisé, floral/herbacé. L'attaque est vive, la bouche s'épanouit sur un équilibre rondeur/acidité. Muscadet Fief du Breil 1995 du Domaine de la Louveterie.

* Une robe ambrée claire. Le nez est très expressif, rose et fenouil, puis litchi/mangoustan. Aéré, il prend des notes d'épices anisées (carvi/cumin). L'attaque est souple, la bouche est un peu aqueuse mais présente des arômes très fins. Tout le monde s'accorde pour deviner un Gewurztraminer 1967 de Mosbach.

* Une robe or clair. Un nez expressif de truffe blanche. Une attaque franche, une bouche riche, équilibrée, longue sur la poire. Gwenola mise sur un sauvignon et gagne : Pouilly Fumé "Pur Sang" 1990 de Didier Dagueneau

* Une robe rubis foncé. Le nez est expressif, puissant : piment/poivre et champignon de Paris. Une pointe fugace de truffe à l'aération. La bouche est peu ample, tannique en finale. Des arômes un peu volatils, tabac, végétal. Chinon "Les Varennes du Grand Clos" 1989 de Charles Joguet.

* Une robe rubis. Un nez fin et expressif de piment doux/lacté, évoluant vers des notes florales puis de tabac. La bouche est fraîche, dominée par l'acidité. Chinon "Les Varennes du Grand Clos" 1989 de Charles Joguet en franc de pied.

L'exercice était très intéressant, les deux vins n'ayant que peu de points communs à la dégustation, et divise l'assemblée quant à leur préféré. Quoi qu'il en soit, les deux se sont montrés très beaux.

* Une robe évoluée. Un nez viandé, animal avec de la mûre. La bouche est fraîche, tannique. Nuits Saint Georges 1er Cru "Champs Perdrix" 1985 de Michelot (en magnum).

* Une robe évoluée. Un nez expressif. La bouche est policée, sans aspérités, sur des arômes de fruits. Château Haut-Bailly 1981 (en magnum). Il fut à nouveau à l'honneur pour le weekend pascal pour accompagner le traditionnel gigot.

* Une robe rubis clair, évoluée. La bouche est équilibrée, le vin fin et élégant sur des notes de tabac. Château Haut-Bailly 1962.

* Une robe or. Un nez de pétrole et d'hydrocarbures. "Hydrocarbures ?". "Ça s'écrit avec deux 't' comme dans cheval" (JP était en forme, comme à son habitude...). Riesling donc. La bouche est sucrée avec un bel équilibre acidité/rondeur. "Burg" 1990 de Marcel Deiss.

* Une robe or clair. Un nez d'"huître après l'Amoco Cadix" (Éric n'est pas en reste...). La bouche est élégante avec de la rondeur. Riesling Grand Cru Hengst, vendanges du 28/11/1979 de Jossmeyer .

* Une robe tuilée. Un nez expressif. Une bouche sur l'acidité et le rancio. Muté ? non, mais l'alcool en interpelle quelques'uns : "L'alcool ne tue pas les levures, l'alcool inhibe les levures". "Ça inhibe ta mère !" (Oliv : one point...). Une bouteille mythique : Coteaux du Layon 1947 du Château de Fesles.

Nous terminons par une trilogie de sauternais : Château Coutet 1975, Château Raymond-Lafon 1970 et Yquem 1991.

Que dire de plus ?

D'abord remercier chaleureusement les organisateurs en nous demandant comment nous pourrions bien leur rendre la pareille. Remercier également le maître des lieux qui a bien voulu accueillir toute une bande de bruyants fous furieux et nous préparer un menu de circonstance, à la fois délicieux et léger.

Si j'étais d'humeur philosophique, je dirais que c'est pour ce genre de soirée (entre autres) que la vie vaut la peine d'être vécue. Je me contenterai d'en garder un souvenir ému et expectatif.

François

mercredi 19 mars 2008

Edito N°3 : Trafics d'influences

Gwenola et moi avons terminé la lecture du dernier ouvrage de Jonathan Nossiter, « Le Gout et le Pouvoir ». Pour les quelques terriens qui se seraient expatriés sur Alpha du Centaure ces dernières années, Nossiter est l’auteur du controversé « Mondovino ».
En résumé, ce livre présente la genèse du film et la rencontre de certains de ses protagonistes. Tout au moins se présente-t-il comme tel car l’auteur en profite pour exposer ses opinions sur le monde du vin en général et sur certains acteurs, directs (vignerons, cavistes) ou indirects (restaurateurs), de ce domaine. Et c’est là que le bât blesse… car à vouloir mélanger les genres, le résultat devient parfois indigeste.
Développons.
Jonathan Nossiter aurait pu utiliser son matériau pour écrire trois ouvrages :
- « Dialogues avec les Vignerons »,
- « Les Adresses de JN »,
- et « Le Diktat des Gourous du Vin ».

« Dialogues avec les Vignerons » :
Pour la plupart, il s’agit de rencontres dans le cadre du tournage de « Mondovino » ou de dégustations en compagnie de vignerons et amis. JN expose sa quête d’un langage de description du vin accessible au profane, c’est-à-dire hors du jargon des « experts ». Malgré tout, c’est une quête un peu vide de sens car s’il se veut non- ou anti-élitiste, JN ne tarit pas d’éloges sur les stars inaccessibles, surtout au commun des mortels.

« Les Adresses de JN » :
Pour nous, gourmands impénitents, ce recueil a tout pour nous enchanter et nous avons eu l’occasion d’évoquer dans TlBCouF (notre blog) notre passage à La Cagouille suite à la lecture de « Le Gout et le Pouvoir ». Mais il ne s’agit pas seulement d’un catalogue d’adresses, bonnes ou mauvaises. JN s’en sert pour mettre en perspective certains aspects des relations entre restaurateurs, cavistes et monde du vin : cherté des vins au restaurant, accords mets/vins et leur mise en valeur, choix proposé par les cavistes, etc. Passons sur le coup de griffe contre l’Atelier de Joël Robuchon, aussi inexplicable que les jugements du guide du pneu... En revanche, les dialogues avec le responsable des achats de vins de Ducasse sont intéressants et malheureusement déplorables. En substance, le consommateur ne se rend pas au restaurant pour boire du vin et il est inutile de lui proposer de découvrir d’autres bouteilles que les sempiternels bordeaux. Nous ne pouvons évidemment pas adhérer à ce propos. Ceux qui nous connaissent savent que pour nous les mets et les vins sont indissociables et que les sommeliers ont certainement plus de plaisir à dialoguer avec les clients qu’à servir d’ouvre-bouteilles.

« Le Diktat des Gourous du Vin » :
Je ne connais pas JN, tout au moins pas comme on connaît un ami, son passé, son vécu. Aussi, je ne peux expliquer l’origine de sa diatribe contre :
- les experts-dégustateurs qui font la loi du marché (Parker, Bettane, la Revue du Vin de France),
- les winemakers planétaires qui veulent imposer un gout unique et standardisé du vin à la planète (à commencer par Michel Rolland, plus quelques autres),
- les hommes politiques néo-libéraux coupables d’encourager la mondialisation (Bush, Sarkosy, etc.).
A mettre ainsi tout le monde dans le même panier, on se demanderait presque s’il n’existerait pas un complot international visant à dicter à l’humanité ce qu’elle doit penser, faire et manger.
C’est malheureusement une vision extrêmement manichéenne, qui nous rappelle que JN, bien que citoyen du monde, est d’origine étatsunienne. S’il n’a pas tout à fait tort sur le fond en ce qui concerne le pouvoir des experts et l’uniformisation des gouts, la forme est tout à fait maladroite. Ceci expliquant certainement les levées de boucliers suite à la parution du livre.

JN a une belle plume mais au final, son propos ne nous convainc pas et nous laisse un sentiment mitigé. Sans rigueur et mesure, même un grand chef peut faire un plat indigeste.

François

dimanche 16 mars 2008

MODERN LOVE


Séance de cinéma dominicale.

C'est avec un oeil acéré et sans concessions que nous découvrons le nouvel opus de Stéphane Kazandjian, "Modern Love". Ce jeune père de famille, auteur complet (scénariste et metteur en scène), nous livre l'histoire, en partie autobiographique, d'un scénariste trentenaire qui croise d'autres trentenaires qui, comme lui, cherchent, trouvent, perdent, retrouvent l'amour.


Refrain connu me direz-vous... certes, mais l'originalité du film est "le film dans le film" : "Modern Love", écrit par le scénariste (Pef) qui conte une histoire d'amour de cinéma avec héroine séduisante (Alexandra Lamy) et héros charismatique (Stéphane Rousseau) qui se cherchent, se trouvent, se perdent, pour se retrouver dans un épilogue de conte de fée. Cette comédie romantique sert de fil rouge aux aventures sentimentales des personnages "réels", entre séparations douloureuses, tentatives de reconquètes ridicules et bonheurs éphémères.


Soulignons :
- l'excellent casting : Pef dans ce quasi contre-emploi de scénariste torturé, Bérénice Béjo, femme parfaite, qui rencontre son homme parfait en la personne de Stéphane Debac, Kad Merad...
- les très bons dialogues,
- les chansons (on aime, moins les chorégraphies...),
- les clins d'oeil à la famille (private joke !!).


Bref, c'est gai, divertissant et, contrairement à ce qu'en pensent les critiques, on n'en demande pas plus.
Allez-y !!

François

jeudi 13 mars 2008

Le Meurice, quel délice...

Il y a des jours, ou des soirs, où les choses ne se déroulent pas tout à fait comme on l’avait prévu, où le flot des évènements nous entraine à notre insu. Quelquefois, on résiste. Quelquefois, la promenade est si belle qu’on se laisse dériver au fil du courant…

Nicolas Rebut, chef sommelier du Meurice, avait une idée en tête : organiser des dégustations apéritives. Prenant prétexte la réouverture de l’espace restauration de l’hôtel, suite aux travaux menés par Starck, la première de ces dégustations a eu lieu ce jeudi au 228, le bar de l’hôtel.
Le principe est simple : (faire) découvrir en une heure quatre à six vins d’une même région, chacun accompagné de bouchées spécialement préparées par Yannick Alléno.

Au programme : le champagne.

Le vin : Laurent Perrier Ultra Brut (55% chardonnay, 45% pinot noir, dégorgé au deuxième trimestre 2006).
La robe est jaune pâle. Un premier nez grillé, frais, légèrement agrumes, plus minéral à l’aération. Une attaque vive, une bouche fraiche avec un équilibre sur la matière et l’acidité (acidité saline). Bien +.
Le met : une gelée de choux rouge surmontée de moule, coquille Saint-Jacques, coque et langue d’oursin. Le met très iodé est adouci par la gelée, à la texture de laquelle répond le mordant/croquant des coquillages Très bien.
L’accord : l’accord est d’une grande persistance sur le coté iodé/salin et très minéral. Très bien.


Le vin : Veuve Cliquot Ponsardin Vintage 1995 (dominante pinot noir, avec chardonnay et pinot meunier).
La robe est or. Un premier nez discret de caramel/dragée, qui gagne en profondeur à l’aération (crème pâtissière). La bouche est riche, encore bien effervescente, équilibrée sur l’acidité et la sensation tannique. L’acidité domine en finale avec des arômes fin s de fruits jaunes. Bien +.
Le met : Foie gras assaisonné de poivre de Malabar pané au riz sauvage. La bouchée est à la fois onctueuse (foie) et croquante (riz), on en a plein la bouche et on a peine à avaler tellement c’est bon… Très bien.
L’accord : c’est un accord de matière, tout en souplesse qui s’installe, le vin sublimant le plat et prolongeant le plaisir gustatif. Très bien.


Le vin : De Sousa Brut Tradition (50% chardonnay, 40% pinot noir, 10% pinot meunier).
La robe est or. Le nez est coumarine/fève tonka. La bouche présente une très belle matière en rondeur et beaucoup de richesse, sur des fruits jaunes. Le tout est très élégant. Très bien.
Le met : Millefeuille de Saint-Jacques aux herbes fraiches. Souplesse de la noix de Saint-Jacques, fraicheur des herbes… Très bien.
L’accord : avec sa fraicheur, le met réveille le vin pour conclure une alliance souple en texture et vive en arômes, d’une grande persistance. Très bien.


Le vin : Jacques Selosse « Substance » (100% chardonnay, élevé en solera).
Très effervescent. La robe est ambrée, légèrement trouble. Un nez de toffee qui évolue après quelques minutes sur le tabac et la vanille de Tahiti. Le vin se présente en bouche comme certains xérès : sec et tout en rondeur, très fin et très aromatique. Très belle longueur. Très bien.
Le met : Tastou de pain Poilane aux truffes noires. Pain, beurre salé et lamelles de truffes… Très bien.
L’accord : les notes oxydatives du vin répondent à l’arôme puissant de la truffe, le croquant du pain équilibre la rondeur du vin. C’est un très bel accord d’équilibre entre deux poids lourds. Très bien.


Le vin : Alfred Gratien Cuvée Paradis Brut Rosé (dominante de chardonnay).
La robe est framboise claire. Le nez est discret (citronné). La bouche est très présente, vive, bien aromatique (fruits rouges/framboise). Bien +.
Le met : Veau de Corrèze aux tomates confites relevé de confiture de piment d’Espelette. La tomate explose en bouche, relevée par le piment, le tout étant porté par la structure du veau cuit rosé. Très bien.
L’accord : accord de couleurs en premier lieu. Avec le vin, la tomate prend encore plus de relief, le veau apportant une touche de fond viandée. Très bien.


Sur ce, mis en appétit, nous nous interrogeons. Rentreront, rentreront pas… Puis, d’un air de défi teinté d’un sourire narquois, ma moitié, que dis-je, ma perle, ma gemme, ma rivière de diamants !! me lance « et si tu allais voir s’il reste une table ? ». N une ni deux, je relève le défi. Heureux hasard ou caprice du destin, c’est avec un sourire encore plus narquois que le sien que je reviens lui annoncer que ladite table nous attend.

Mis en appétit mais pas affamés pour autant, nous optons pour la formule light : plat et dessert. Pour les plats nous optons pour un « Blanc de bar à la vapeur de feuille de cerisier, mousseline de petits pois relevée au wasabi, champignons et fruits relevés au vinaigre » et un « Homard bleu cuit sous le grill et arrosé de beurre fondu au gingembre, pointes d’asperges au jus de carcasses aux algues et yuzu, les pinces à la mayonnaise de corail ».

Nicolas Rebut, qui nous avait laissés au bar, nous retrouve avec un grand sourire et, pour nous faire patienter et faire plaisir aux amateurs que nous sommes, nous offre gentiment un verre de Vouvray sec « Le Mont » 2004 du Domaine Huet. Le nez est discret, peu typé chenin. En revanche, en bouche, c’est un vrai chenin sec, vif, droit, très net, avec une finale miellée. Très bien.
Arrive le moment redouté des sommeliers : la lecture intégrale et exhaustive de la carte des vins. Palace oblige, les prix sont élevés. Aussi, et surtout à cause de la quantité de vin déjà ingérée, nous nous contentons de choisir un vin au verre.
Pour ma moitié, que dis-je, ma crème brulée, mon millefeuille vanille, mon tiramisu !! le Corton-Charlemagne 2001 de Bonneau du Martray : un nez beurré qui ne déviera pas d’un pouce tout le long du repas, une bouche qui n’est pas exubérante mais qui s’apparente à une Rolls-Royce : un grand confort qui vous emporte loin, loin, loin... En bon français, une matière ample et une très grande longueur qui n’en finit pas. Magnifique.
Je me « contente » d’un Riesling Schlossberg 2004 de Paul Blanck : un nez épicé, une bouche en rondeur avec une pointe de sucre résiduel, bien équilibrée. Très bien.

Les plats arrivent, avec leur petit cérémonial de mise en place car le bar est emmailloté dans les feuilles de cerisier marinées au vinaigre de griottes. Une fois de plus, Yannick Alléno nous bluffe avec des accords de saveurs insoupçonnés. Le bar a capté le parfum des feuilles de cerisier marinées, le wasabi et les petits pois s’accordent à merveille et les petits champignons japonais au vinaigre réveillent le tout. Le homard est grand, les asperges somptueuses et je regrette que le crustacé n’ait pas quatre pinces pour profiter encore plus longtemps de la mayonnaise au corail.

Petit break avant les desserts. Ayant fait l’impasse sur le plateau de fromages (sympathique au demeurant), nous nous laissons tenter par la proposition du maitre d’hôtel : un cœur de laitue pour ma romaine et une variation poire/beaufort pour moi. Une fois encore, les intitulés sont trompeurs. La laitue arrive reconstituée, les feuilles détachées ayant reçu un coup de pinceau de vinaigrette avant d’être « remontées ». Dans mon assiette, des bâtonnets de poire fondante sont recouverts de deux toasts d’une épaisseur papier-à-cigarettesque constitués de pain Poilane, de beaufort et de poivre passés sous le grill. Fraicheur, saveur et légèreté. Que demander de plus avant de passer aux desserts… ? Les pré-desserts bien sur !!!

On ne les attend pas. On les redoute parfois. Mais là… comment passer à coté du travail, que dis-je, de l’art de Camille Lesecq, le chef pâtissier.
Arrivent, dans une même assiette, une sucette de guimauve à la mandarine (Raaaahhh… j’adore la mandarine), un petit macaron citron à la mousse de citron vert, un petit dôme framboise/litchi et un chocolat à la menthe. Je manque de vocabulaire (oui, oui…) pour exprimer toutes les sensations gustatives procurées par chacune de ces mignardises.

Enfin, les desserts proprement dits. Mais que Camille a-t-il fumé le jour où il a imaginé ces OGNI (Objets Gourmands Néanmoins Improbables) ?? Jugez plutôt : « Gelée de concombre aux perles de citron et à la fleur de bourrache dans une coque de chocolat blanc » et « Blancs battus au cœur de mangue coulant, marbré de mahon au pruneau moelleux relevé au gingembre ». Tentons l’explication…
Dans l’assiette de ma compagne en sucre d’orge, trois sculptures composés chacune de deux hémisphères en chocolat blanc, séparés par une très fine rondelle de concombre et renfermant la gelée de concombre et les perles de citron. Imaginez le croquant du chocolat, la fraicheur du concombre, l’explosion des billes de citron et la vivacité du jus ainsi libéré. Extra-terrestre…
Pour ma part, un cube blanc repose sur une feuille arachnéenne de mahon (fromage de vache espagnol) à la figue, entouré par des perles de sirop au gingembre. De la chose, une fois ouverte à la cuillère, s’écoule un jus à la mangue tel le jaune d’un œuf mollet. De l’art vous dis-je…

Comme si le plaisir de l’instant n’était pas suffisant, des petites attentions nous ont encore plus touchés. Voyant passer les bouteilles des vins au verre accompagnant le menu dégustation de la table voisine et m’attardant sur les étiquettes, je me vois proposé par les sommeliers de gouter les dits vins. En l’occurrence deux :
- le Cote-Rôtie « Les Jumelles » 2004 de Jaboulet,
- et le Banyuls « Galatéo » 2004 du Domaine de la Coume Del Mas.
Le premier, bien que bien typé syrah, manque de relief. En revanche, le second est superbe de puissance et de fruit.

Je demande l’addition. Sur ce, l’accorte soubrette à qui j’avais demandé de complimenter Camille revient avec une petite boite. Un peu soupçonneux, je l’ouvre et découvre quatre sucettes de guimauve à la mandarine (vous ai-je déjà dit à quel point j’aime la mandarine ?), cadeau de la maison au gourmand impénitent…

Nous quittons finalement ce délicieux lieu de débauche, heureux, grisés et gagnés par une torpeur ensommeillée, pour profiter d’une nuit courte mais méritée dans nos pénates.

François

Accords étonnant avec des vins d'Auvergne


Frédéric Gounan, le vigneron auvergnat du Domaine de l’Arbre Blanc est de passage à Paris.

Pour le plat, je mets en route un saucisson lyonnais façon pot-au-feu car je sais que ses vins vont bien avec.

Pour l’apéro, il me restait un petit pot de caviar d’Aquitaine, qui n’avait pas été consommé à Noël, que j’ai accompagné de blinis et crème fouettée aux zestes de citron vert.

Fred me donne deux bouteilles à ouvrir. La première les Petites Orgues 2005, 100% pinot noir. Le premier nez est étonnamment anisé, puis vient un concentré de fraise des bois, cerise et mûre. En bouche, l’attaque tannique fond rapidement pour laisser la mûre s’exprimer. La finale est crémeuse.

Qu’est-ce que cela peut donner avec du caviar d’Aquitaine ? Les Orgues 2005 sont assez marquées par la minéralité, ce qui donne un accord qui peut étonner mais qui se révèle très agréable. Fred l’avait déjà testé avec du poisson ce qui lui a donné l’idée de l’ouvrir pour cet apéro.


Parcelle des Orgues pendant les vendanges 2005

La deuxième bouteille contient « Les Vinzelles » 2005, 100% Gamay. La robe est rubis « cœur de pigeon », le vin est très limpide. A l’aveugle, j’aurais dit un Coteau du Loir 100% pineau d’Aunis. Le nez est poivré, assez vif et minéral. En bouche, même typicité aromatique avec une belle matière que le Coteau du Loir n’a pas ! Il a très bien accompagné le saucisson.

Par contre, pour la tartine de reblochon qui a suivi, j’ai préféré les Petites Orgues grâce à son côté crémeux.

Gwenola

vendredi 7 mars 2008

Un séjour d'anthologie chez Pic à Valence

Nous arrivons chez « Pic » à 16h, pile pour le goûter.
Nous sommes installés dans la chambre 14 qui donne sur la cour intérieure. Le réceptionniste nous apporte notre valise puis revient avec un goûter de bienvenue, deux éclairs façon poire Belle Hélène (fourrage vanille et glaçage mi-poire, mi-chocolat).
Après nous être délectés de ces éclairs, nous descendons au salon pour prendre un thé. Nous profitons de ce moment de calme pour bouquiner un peu et boire un thé vert de chine aromatisé au gingembre et citron des Contes de Thé.

A 19h30, nous reprenons place au salon pour prendre l’apéritif. BSA de Roederer pour moi et Condrieu 2006 de Gérin pour François.
Le Champagne présente des notes d’acacia et de miel. Il est frais, complexe et long.
Le Condrieu est dragée et pomme cuite au nez. En bouche, l’attaque est assez vive, il a un bel équilibre acide/alcool/minéralité et finit en pomme cuite au beurre.

Après avoir choisi nos mets et vins, nous allons dans la salle de restaurant. Nous commençons par une crème brulée au foie gras et sa mousse de Granny Smith.
On croirait manger du foie entier. La mousse apporte une touche de fraîcheur exotique.

En entrée, François a pris les OURSINS VIOLETS, crémeux d’oursin légèrement fumé à la cardamome noire, mousseux d’oseille acidulée et un verre de Saint-Péray Pic et Chapoutier 2006 vif, minéral, fleur blanche, agrumes et poire. Bel accord met / vin.
Pour ma part, je prends LE GOUDA MILLESIME REYPENAER V.S.O.P. ET LA TRUFFE NOIRE, soufflé chaud, cœur coulant truffé, râpée de légumes à la truffe noire.
Le soufflé est largement truffé, le centre a été creusé et rempli de crème au gouda. Le tout est surmonté d’une galette de truffe. A mi-chemin de ma dégustation, on m’a de nouveau rempli la verrine de crème de gouda et apporté une salade de jeunes pousses et fleurs.
J’ai accompagné ce soufflé d’un verre du même Condrieu que François a pris en apéritif.

Pendant que nous dégustions nos entrées, nous voyons entrer en scène, un rognon de veau cuit dans sa graisse que le Maître d’hôtel fend et flambe au gin avant de le renvoyer en cuisine.

Pour la suite, arrivent LE ROGNON DE VEAU DU VELAY, cuit longuement dans sa graisse, flambé au gin, pomme boulangère revisitée au lard gascon, mousseline de pomme fruit acidulée pour François et LE CLASSIQUE TOURNEDOS DE BOEUF CHAROLAIS ET LE FOIE GRAS DE CANARD DES LANDES, en strate, champignons de saison et queue de bœuf pour moi.
Les plats sont savoureux, jeu des saveurs pour le rognon et structurés, jeu des textures pour le bœuf et foie gras. Qui est le bœuf, qui est le foie gras ? En texture, impossible de les différencier.
Pour le vin, une intuition peut-être, je voulais absolument goûter Fonsalette rouge 2003, merci à Jonathan Nossiter qui en a longuement parlé dans son livre et qui m’a donné envie de le goûter.
Ce Côtes du Rhône est une merveille de gourmandise, des fruits rouges en veux-tu en voilà (cerise, framboise, myrtille, kirsh), des épices douces (cannelle, girofle) et quelques notes tertiaires (tabac, charbon de bois). Il long, mais complexe, long, équilibré (acide / alcool / tannins) et velouté. Il est aujourd’hui à maturité, le bonheur !
Et avec les plats, c’est encore mieux, les plats répondent au vin qui leur répond. Le fruité fait merveille avec le bœuf et le tabac accompagne mélodieusement le genièvre et le gin du rognon.
C’est le meilleur accord mets / vin que l’on ait jamais fait.

Nous faisons une petite pause car nos plats, qui sont des classiques de la maison sont riches.
Nous reprenons en douceur avec une mousse Ivoire, sorbet thé blanc et écume de calamansi. C’est frais, aérien et le thé blanc (du Yin Zhen) est bien mis en valeur.

Les desserts arrivent. Plus que des desserts, ce sont des œuvres d’art du Chef Pâtissier Philippe RIGOLLOT, Champion du Monde de Pâtisserie, MOF ….
Pour François c’est L'ANANAS VICTORIA ET LA TRUFFE NOIRE, crème glacée à la truffe noire, tube croustillant, marmelade d'ananas Victoria, avec un verre d’Uroulat 2004 (jurançon et fruits exotiques font toujours bon ménage).
Et pour moi c’est LE CHOCOLAT ALPACO ET LA TRUFFE NOIRE, croustillant cacahuète, coulant et ganache montée au chocolat.
Je n’aurais jamais pensé que le chocolat au lait de compèt’(de chez Valrhona) et la truffe se marient aussi bien. Côté vin, j’ai continué avec le Fonsalette, le dessert étant assez peu sucré et le vin riche en fruit, l’accord se fait sans problème.

Madame Anne-Sophie Pic vient nous rendre visite. C’est une femme charmante et un peu timide qui se présente à nous. Nous lui disons tout le bien que nous pensons de sa cuisine et la félicitons.

Pour finir, un gâteau blanc arrive avec des bougies pour mon anniversaire. Nous décidons de ramener le gâteau avec nous pour mieux l’apprécier.
Nous remontons péniblement dans notre chambre et je me couche comblée et heureuse.

L’atelier d’Antoine et Valrhona

Nous reprenons notre route pour le Sud.
Avant de prendre l’autoroute, nous nous arrêtons à la charcuterie Bobosse à Belleville sur Saône pour nous approvisionner de quelques spécialités lyonnaises.

Nous sortons à Ampuis / Condrieu et traversons le Rhône pour aller déjeuner à l’Atelier d’Antoine.
C’est un Chef radieux qui nous accueille car il vient d’être nommé dans le guide du pneu. Il n’y a donc pas que des injustices.
Après les petits abus de la veille, j’opte pour un saumon poêlé et ses légumes printaniers accompagné d’un Viognier « Pastourou » d’Alain Paret (42). Un nez pas très typé viognier, un peu alcooleux et assez minéral. En bouche, l’attaque est vive, mais la finale sur le miel et le tilleul en fait un vin charmant.
Comme je suis une grande gourmande, je prends du panettone glacé au chocolat avec une boule de glace à la vanille.
La cuisine est toujours aussi bonne. Le midi, un menu entrée + plat + dessert est proposé pour seulement 17€. Un des meilleurs qualité / prix que je connaisse.


Pas le temps de trainailler sur les bords du Rhône, il faut continuer notre migration vers le Sud. Nous sortons de l’autoroute à Tain l’Hermitage pour aller faire le plein de chocolats chez Valrhona. Quelques poissons fourrés de fritures pour Pâques, quelques tablettes de grands Domaines (Gran Couva, Ampamakia et Palmira), des billes biscuitées, des ballotins à offrir…


Deux grands sacs bondés et une addition salée plus tard nous repartons par l’ancienne Nationale pour arriver à Valence chez PIC.

Gwenola

Visite du domaine Hamet-Spay

Après un copieux petit-déjeuner, nous quittons le Paradis de Marie et allons tout en haut de la colline chez Monsieur le Maire (au 7 mars 2008) Paul Spay qui est accessoirement viticulteur au domaine Hamet-Spay


Nous débutons par le Saint Amour 2006
Un nez fruité un peu exotique framboise et mangue.
En bouche il est poivré, aromatique, une belle structure et bien équilibré. TRES BIEN.



Puis vient le Juliénas 2006
Au nez il a des notes épicées (Muscade) et gamay frais. Très beau nez fin et élégant.
En bouche, il est fin, élégant, bien équilibré, une belle longueur et des arômes fruités et épicés harmonieux. EXCELLENT





Pour finir, un Moulin-à-Vent 2006 (30% d’élevage en fût)
Un nez très groseille et autres petits fruits rouges.
En bouche, il apparait plus costaud que les deux autres avec des notes épicées plus marquées. Reste un vin assez friand et élégant. TRES BIEN



Je n’ai pas du tout trouvé de volatile dans les vins (alors que j’en trouve souvent dans les Beaujolais), ils sont bien équilibrés entre l’acidité et les tanins souples. C’est le genre de Beaujolais que j’adore, souple, harmonieux et ayant du caractère.

Avec Paul Spay, nous n’avons pas discuté uniquement de vins, mais également de son mandat de maire. Pour 2008, c’est loupé, mais le jour de la Saint-Valentin, la mairie de Saint Amour propose aux amoureux déjà mariés de venir confirmer leur mariage. Les couples viennent de toute la France, mais aussi du Japon, d’Afrique … Il n’est donc pas rare de voir des des kimonos et des magnifiques boubous ce jour là.

Gwenola

jeudi 6 mars 2008

Saint Amour Bellevue


Après un petit peu de route, nous sortons à Macon et prenons la direction des monts du Beaujolais.
Nous arrivons dans le charmant village de Saint-Amour-Bellevue dans le Beaujolais.



Nous prenons place à la maison d’hôte
« Le Paradis de Marie » dans la chambre « Romantique ». Outre quatre chambres et un studio, cette maison d’hôte possède une roulotte aménagée, malheureusement il fait trop froid en ce début mars pour en profiter.
Nous commençons par faire un petit tour à pied dans les vignes, mais le vent glacial nous pousse vers le centre du village qui est plus abrité. Nous nous trouvons dans la partie basse du village, 2 restaurants, 1 hôtel, 1 potier et des vignerons. La poterie, tenue par la mère et le fils fabriquent des objets usuels et décoratifs. Nous craquons pour les lampes et les crachoirs, mais c’est avec deux énormes bols que nous repartons.


Après un bon bain chaud et un pouponnage en règle, nous allons à
l’Auberge du Paradis. L’hôtel n’étant pas plein, on nous fait visiter ce petit bijou hôtelier.

Nous nous installons dans la salle de restaurant. Le menu a 45 € est imposé.

Amuses bouches :
Artichaut poivrade huile d’olive et poivre / guacamole au curry et mangue fraîche / Charolais cru aux épices tandoori et yaourt aux herbes / crème brûlée au foie gras et paprika.

Pomme Golden poêlée au carvi,
Tombée d'échalotes à l'aneth,
Crème fouettée poivrée et caviar d'Aquitaine.

Langoustines marinées au basilic, gingembre et zestes de Combawa frais,
Fumet des queues et têtes légèrement crémé,
Epais velouté de céleri boule et cacahuètes grillées.

Rouelle de cuisse de poulet fermier à l’anis vert et cacao,
Raviole de carotte jaune, pignons grillés et graines d’anis
Bouillon de voliaille à l’huile de pignon

Assiette de fromages (Epoisses, Mont d’Or et Valençay) au lait cru à la poudre paprika et confiture de mirabelles

Sorbet pomme verte et citron vert,
Moelleux à l’aneth et rémoulade de fenouil à l’anis vert

Salade d'orange au curcuma frais,
Glace à la sauge et sablé Breton à la moutarde en grains.

La carte des vins fait la part belle aux vins de la région (Saint Véran et Saint Amour). A la vue du menu, ma préférence va vers un vin blanc. Mais le garçon nous précise que le Chef aime beaucoup les épices, nous pouvons donc nous diriger vers un vin rouge. Ne connaissant pas de producteur particulier à Saint Amour, nous lui laissons carte blanche. Le garçon choisi donc pour nous un Saint Amour du Moulin Berger 2005 vieilli en fût. Un nez de Gamay, un boisé noble (pas la vanille), une bouche épicée du genre curry, un fruité baie de Gamay et une petite pointe de volatile qui lui apporte beaucoup de fraîcheur.

La cuisine est effectivement riche en épices. Celles-ci sont au cœur des plats où le mets principal sert à les sublimer. Néanmoins, pas de surdosage, ce qui permet de savourer chaque plat sans être saturé.
A la fin du diner, nous allons dans les cuisines pour discuter un peu avec le chef qui est passionné par son métier, les épices et sa région. Malheureusement le fabricant de pneus ne reconnait pas du tout ce lieu … une injustice de plus ?
Gwenola

Visite du domaine Rapet Père et Fils (Pernand-Vergelesses)

C’est grâce au Minet que nous avons découvert l’adresse. Merci Minet !
Nous sommes accueillis par Vincent Rapet qui nous laisse entre les mains de Vincent Richez car nous avions rendez-vous en même temps qu’un petit groupe de japonais.

Nous débutons par les blancs :
Pernand-Vergelesses (PV) village 2006 (20% de fûts neufs)

Au nez, il est acacia et sucre cuit. En bouche, l’attaque est citronnée puis viennent des arômes de boisé, d’acacia, de vanille pour finir sur de la noisette. BIEN
PV 1er Cru « Sous Frétille » 2006
Le nez est acacia, pêche blanche, avec un fond vanillé et miellé.
On retrouve la même attaque citronnée, mais avec plus de complexité, une belle minéralité avec une finale sur le beurré et le boisé cèdre. TRES BIEN
Corton-Charlemagne Grand Cru 2006
Le nez est complexe, cela se bouscule dans le verre : acacia, pêche blanche, poire williams.
En bouche, en plus de l’acacia et de la poire, je trouve du cédrat, de la vanille et une finale très noisette. L’équilibre est parfait entre l’acidité et l’amertume. EXCELLENT

Après ces mises-en-bouche, nous continuons avec les rouges

PV Village 2005
Une friandise de petits fruits avec une pointe de sureau. Pas de doute c’est du Pinot !
En bouche, un beau fruité et un fond d’encens, une attaque assez vive avec des tanins assez marqués. TRES BIEN
PV 1er cru « les Vergelesses » 2005
Il est plus sur la retenue, moins exubérant, mais plus floral. En bouche, il est assez tannique mais complexe, assez fruitée et florale (rose), mousse de chêne, avec une finale sur le beurré. Il est nécessaire de l’oublier quelques temps en cave. TRES BIEN
Aloxe-Corton 2005
Un nez beurré, floral, sucre cuit, myrtille, groseille et vanille. Un beau nez élégant.
En bouche il manque un peu de complexité, mais il a une belle longueur. BIEN
Corton GC 2005
Au nez, il est un peu sur la retenue, des notes de thé noir se dégagent ainsi que des notes de fleurs et de fruits rouges.
En bouche, il est élégant, fin, complexe, long …. Et ses tanins sont déjà bien fondus. EXCELLENT
PV 1er cru « Ile les Vergelesses » 1998
En vieillissant un peu, des notes de viandées, de venaison, de tabac / encens et de thé noir apparaissent. Le fruité est toujours présent et plus complexe.
En bouche, l’attaque est fruitée, le cœur est viandé et la finale est un retour sur le fruit avec un peu de poudre de riz. La structure tannique est présente mais non agressive. EXCELLENT

Alors que nous étions en pleine discussion sur quoi prendre ? Combien ? Pour combien ? Etc. Voilà que Vincent Rapet ouvre pour ses japonais une Corton-Charlemagne 1989.
Je profite de l’occasion pour en avoir un peu dans mon verre.
Le nez est animal, limite indolé, puis cédrat confit et anisé.
En bouche il est amande légèrement grillé, floral, fruité (agrume) et très légèrement oxydé. Je le vois avec un carpaccio de Saint Jacques à la truffe et huile de noisette. EXCELLENT.

Et pour finir Corton 1993
Même typicité que le Pernand 1998 avec un fruité bien marqué. En bouche, c'est un bouquet de fraises "gariguette". TRES BIEN.

C’est une très belle découverte, les vins sont tous bien typés et bien faits.
Gwenola

Le Comptoir des Tontons à Beaune

Sylvain Pitiot (du Clos de Tart) nous conseille d’aller déjeuner au Comptoir des Tontons dans les faubourgs de Beaune.
Nous prenons à la carte, un filet mignon de porc avec un risotto d’épeautre pour François et une caille au chou et jus de viande pour moi.
Nous trouvons, à la carte, des vins de nos amis vignerons comme le Passetoutgrain d’Alain Jeanniard (Morey) et le Gamay VV de Frédéric Gounan (Puy de Dôme).
Nous optons pour un Volnay 2003 de Rossignol-Jeanniard. Le nez est un peu sur la réserve, un peu humus. En bouche il explose de petits fruits rouges (myrtille, groseille, baie de cassis et framboise), une pointe de mousse de chêne avec des tanins souples mais présents et une étonnante finale de banane au beurre.
Les plats sont délicieux, mais nous avons envie d’une petite touche sucrée pour finir. Le dessert du jour est un gâteau de semoule aux zestes d’orange et huile d’olive, accompagné d’une glace à la pistache.
Les plats sont simples, délicieux et suffisamment légers pour prévoir une dégustation l’après-midi.
Encore une adresse à mettre dans notre carnet…

Gwenola

Visite du Clos de Tart avec Sylvain Pitiot


Nous arrivons à Morey-Saint-Denis sous un ciel bleu azur.

Monsieur Pitiot, le régisseur, nous emmène d’abord dans les vignes. Le vignoble a été créé au XIIème siècle par des religieuses cisterciennes. Sa surface est de 7,5 Ha. On compte sept micro-terroirs différents dans le Clos.


Le vignoble est en culture intégrée, qui préserve l'environnement tout en tenant compte des aspects économiques. La protection des cultures se fait de préférence sans produits chimiques. Les produits chimiques peuvent être utilisés lorsqu'il y a un risque de dommages économiques pour le cultivateur et que les méthodes biologiques n'ont pas l'effet voulu.
Les rangs sont perpendiculaires à la pente pour prévenir l’érosion. Un rang sur deux est enherbé.
Les bâtiments datent essentiellement du XVIème siècle. Ils reposent directement sur la roche.

Nous entrons dans l’ancienne cuverie qui a été transformée en salle de réception, dans laquelle un énorme pressoir à perroquet trône. La nouvelle cuverie, juste à côté, est très moderne avec ses cuves en inox et son robot à pigeage.
La salle à côté contient les fûts avec les vins de 2007. Cette salle est thermo-régulée de façon à avoir une malo tardive. Nous n’y trouvons que des fûts neufs provenant de la forêt de Troncay.
Nous descendons maintenant dans les caves voûtées pour goûter 2 fûts de 2006.



Le premier fût vient d’une zone « Carbonate ». Le nez est fin, élégant, fruité (groseille, framboise et fraise des bois) et fleur de sureau. En bouche l’attaque est beurrée et les tanins sont ronds.
Le deuxième fût provient d’une zone « Marne » en haut du clos. Le nez est plus réservé, plus floral aussi (jasmin et rose). La structure est plus acide, avec une légère amertume et des tanins plus présents. Néanmoins ce vin reste fin et élégant.
L’assemblage se fera avec les fûts considérés dignes d’entrer dans le Clos de Tart, les autres seront déclassés en 1er Cru « les Forges de Tart ». Le déclassement est variable suivant les millésimes.

Nous voyons 5 fûts qui sont mis un peu à l’écart. En fait, il s’agit de Marc de Bourgogne du Clos de Tart en cours d’élevage. Le marc n’est pas commercialisé car sa production est anecdotique. Il est élevé 10 ans en fût puis mis en bouteilles et offert aux clients ou hôtes de passage.

Nous remontons pour voir la cave où sont stockées les bouteilles. Des vieux millésimes y sont conservés ainsi qu’une réserve de certains millésimes qui seront commercialisés à maturité.

Cela fait déjà 1h30 que nous sommes avec Monsieur Pitiot. Nous prenons congés avec une bouteille de marc sous le bras.
Nous tenons à remercier vivement Monsieur Pitiot d’avoir pris de son temps pour nous faire visiter le domaine et pour son cadeau.


Gwenola

mercredi 5 mars 2008

Mon anniversaire - étape 1

Aujourd’hui, mercredi 5 mars, c’est le jour de MON ANNIVERSAIRE !
Round 1 : dîner chez mes jolis-parents avec un superbe gigot accompagné de Chateau Poujeaux 1982.
Une robe grenat/rubis légèrement tuilée.
Un nez qui commence à se diriger vers les arômes tertiaires, boisé noble, encens et une pointe de réglisse.
En bouche, il me fait l’effet d’un p’tit jeunot avec des tanins pas tout à fait fondus, mais un arôme, mes amis … encens cèdre du texas (taillure de crayon + fumée) avec une touche florale en fond. La structure acide ira jusqu’à accompagner le cheddar fermier (tout droit venu de l’autre côté de la Manche.

Gwenola

mardi 4 mars 2008

Edito N°2 : Le Guide Rouge 2008

Tous les ans, à l’orée du mois de mars, les oreilles frissonnent du bruit des rumeurs telles les feuilles des arbres avant la tourmente. Perdra, perdra pas, gagnera, gagnera pas…
Dans ce jeu de pronostics, dont Bernard Loiseau fit malheureusement les frais, le vrai comme le faux circule à la manière des tuyaux que les turfistes se refilent sous le manteau.
Et puis arrive le grand jour, le palmarès est dévoilé sous les applaudissements et les sifflets. Le Festival de Cannes, vous dis-je…

N’étant pas professionnels, nous ne sommes pas à même de juger de la pertinence, voire de l’objectivité des jugements du Guide du pneu. Nous ne pouvons que constater. En revanche, dès qu’il s’agit de repaires ou d’adresses visitées et appréciées, un chauvinisme très humain s’exacerbe et nous fait tantôt acquiescer vigoureusement, tantôt hurler à l’injustice, voire à l’outrage.
C’est pourquoi, en plus du lien vers le palmarès complet, vous trouverez ci-après deux catégories de commentaires : les factuels et les partiaux.

Commentaires factuels :


- Gérald Passédat (Le Petit Nice, à Marseille…) est le grand vainqueur de l’année (3*). Une adresse de plus à visiter parmi le monceau d’étoilés que compte la côte méditerranéenne.
- Enrico Bernardo est le deuxième vainqueur de l’année. Carton plein ! Une étoile respectivement pour La Villa Madie à Cassis et Il Vino à Paris.
- La reconnaissance : Alexandre Gauthier (L’Auberge de la Grenouillère à La Madelaine–Sous-Montreuil), Jouni Tormanen (Jouni Atelier du Gout, à Nice) et William Ledeuil (The Kitchen Gallerie à Paris) gagnent leur première étoile.
- La claque : Le Grand Véfour perd la troisième.
- La claque bis : Jacques Thorel (L’Auberge Bretonne, à La Roche-Bernard) perd sa deuxième étoile.
- Les oubliés de la troisième : Le Bristol (encore espoir), La Bastide Saint-Antoine…

Commentaires partiaux :

- L’Atelier de Joël Robuchon obtient sa deuxième étoile. A quand la troisième pour La Table ?
- La Mare aux Oiseaux est dépossédée de son étoile. Incompréhension devant l’injustice…
- Injustice bis : Le Cinq n’a pas récupéré sa troisième étoile. Quand on pense que la perte a été causée par les rumeurs renouvelées, et à chaque fois infondées, du départ de Philippe Legendre, on en vient à se demander s’il n’y a pas quelque chose de pourri au royaume de la carcasse radiale…

Informations digérées, il reste à constater que la liste des adresses qui (selon l’équipementier pneumatique) vaillent la peine qu’on s’y intéresse est encore longue et que, d’ici la prochaine parution, nous serons loin d’en avoir fait le tour. Néanmoins, nous ne manquerons pas de vous faire part de nos prochaines expériences gastronomiques, à savoir :

- La Mare aux Oiseaux, évidemment,
- L’Auberge de la Grenouillère, une étape prévue de longue date,
- Et les deux espoirs d’étoiles bretonnes, que dis-je finistériennes, L’Auberge des Abers à Lannilis et Ar Men Du à Nevez.

Le palmarès complet


François

lundi 3 mars 2008

Les étoiles pneumatiques

Lundi 3 mars 8h00, le communiqué de presse du Guide Michelin nouveau tombe.

Sur le palmarès complet, je vois que l'un de nos repaires, La Mare aux Oiseaux perd son étoile.
Je ne comprends pas ce qui a motivé le guide à prendre cette décision.
J'ai connu ce petit havre de verdure en avril 2003.
A l’époque, la maison était toute petite, mais je me souviens bien du carpaccio de canard à l’huile vanillée et du ragoût ris d’agneau / calamar que nous avions arrosés d’un Bollinger GA 1990.
Les travaux sont passés par là, la maison s’est agrandi et la cuisine d’Eric Guérin avec.
Au fil de nos migrations vacancières, nous nous sommes arrêtés deux, trois ou quatre fois par an sur l'ile de Fédrun. Au fil des ans nous avons vu la cuisine d’Eric s’affiner, se préciser, s’épurer et prendre quelques accents japonisants mais tout en gardant sa propre personnalité.
Lors de notre dernier arrêt le 3 janvier dernier, nous sommes repartis une fois de plus heureux et enchantés de notre court séjour.

Lors de nos prochaines vacances bretonnes, nous ne manquerons pas de nous arrêter de nouveau à Saint-Joachim pour nous régaler de la cuisine d’Eric, discuter vin avec Cyril et dire bonjour aux canards, poules, tisserands et autres oiseaux qui peuplent ces lieux.

Gwenola

samedi 1 mars 2008

Le rayon vin d'Auchan

Auchan la Défense, samedi après-midi, rayon des liquides. C’est comme cela que l’on nomme le rayon des boissons dans la monde de la « grande distri’ ».
J’étais en train de regarder ce qu’il y avait dans la cave à 13°, lorsque une japonaise vivant en France me demande si je m’y connais un peu en vin.
- Oui, lui répondis-je.
- Pourquoi cette bouteille de blanc porte le nom Bordeaux ?
Me voilà donc lancée dans une petite leçon des vignobles de la France ou plutôt de Bordeaux :
- Oui, il y a du vin blanc à Bordeaux ; Saint Emilion est une appellation particulière du vignoble bordelais ; non la « Syrah » n’est pas du Bordeaux, mais ce vin pourrait aller avec une viande grillée ; oui, un vin s’associe mieux avec certains plats que d’autres.
La jeune femme me remercie platement et repart avec une bouteille de « Bordeaux » et une bouteille de « Syrah ».
Le conseiller, le monsieur se définit comme tel et non comme un vendeur, qui n’avait rien perdu de la conversation, me lance :
- Vous allez bientôt pouvoir me remplacer. Vous savez, les clients achètent mieux si c’est un autre client qui les conseille. Au fait, quelque chose vous intéresse dans la cave ?
- Oui, je viens de voir Figeac 2004 à moins de 50€, y aurait-il un problème d’étiquetage ?
- Non, c’est le bon prix. 2004 est considéré comme une mauvaise année, mais les merlots mûrissent plus rapidement que les cabernets et au moment de la vendange il faisait un beau soleil. On ne peut pas en dire autant des cabernets qui ont été vendangés sous la pluie. Par contre, il n’est pas à boire maintenant, il faut savoir attendre.
- Pas de problème, je suis très patiente lorsqu’il s’agit de vin. Dites-moi, vous avez pas mal de grands crus dans cette cave, mais pas de Bourgogne ?
- Nous vendons beaucoup de Grands Crus ici, entre midi et deux, les tours descendent et achètent. Mais les cleints veulent du Bordeaux. La première chose que me demande un client c'est "où est le Bordeaux ?".
Nous voilà partis dans une discussion sur le vin, sur Auchan, la consommation et les habitudes des clients. Il m’emmène dans le rayon des apéritifs, où se trouvent les Banyuls, les Muscats et autres Portos.
- Les Portos ? Les clients le gardent plus d’un an ouvert dans leur placard en attendant qu’une dame d’un certain age en prenne avec un glaçon en apéro. Je rêve d’avoir des vintages et des bons vins mutés. Regardez ce Banyuls, avec un bon civet de gibier, il est superbe.
- Moi je préfère le Banyuls avec du chocolat ! Ce muscat, là, c’est le même Cazes qu' Aimé Cazes ?
- Oui, comme ce vin rouge du Pays d’Oc. Avec du magret fumé, c’est une petite merveille.
Vous voyez la taille du rayon ? Normalement, d’ici fin septembre, elle va doubler. J’ai plein de projets pour ce rayon. Vous me parliez des Bourgognes, je vais enfin pouvoir en avoir plus, et avoir de beaux Portos.
Le conseiller est demandé par un client, me salue et emmène son client ... vers les Bordeaux..

Je ne pensais pas, dans ce temple de la grande distribution, tomber sur un passionné du vin qui donne de bons conseils et qui a pris son bâton de pèlerin contre les idées reçues.

Gwenola