C’est dans ces moments d’infini dénuement affectif que l’on compte ses amis. Imaginez donc ma joie lorsque je fus convié à une dégustation surprise entre célibataires (ou assimilés). Et c’est avec un moral (presque) retrouvé que je me suis joint à quatre bonnes connaissances bachiques pour une soirée (encore une !) mémorable.
Pas de thème précis, juste une envie de partage. La liste des vins dégustés fut donc un peu éclectique mais fort intéressante.
En guise d’apéritif, rapidement accompagnée par un foie gras cuit au sel, une bouteille mystère : une forme de demi-bouteille bordelaise, au cul très profond, une capsule en étain sur laquelle figure la seule indication de provenance : Kressman Bordeaux.
C’est un vin blanc, à la robe ambrée, évoluée, avec un nez assez fin d’abricot sec. La bouche est droite, sur l’acidité et la rondeur. Peu de liqueur, on sent un sucre totalement digéré. Il ranciote doucement en fin de bouche. Bien.
Pour accompagner les vins blancs, j’opte pour un saumon mariné à l’huile d’olive et à l’aneth.
Nous poursuivons avec un Muscadet « Haute Tradition » 2001 du Domaine de la Louvetrie. La robe est or. Le nez est fruits jaunes, boisé et légèrement mentholé. Il est encore perlant en bouche, avec plus de rondeur que de vivacité et une légère amertume. Finale sur des arômes boisés. C’est vraiment atypique pour un muscadet. Bien fait mais Moyen.
Hautes-Cotes-de-Nuits blanc « Clos Saint-Philibert » 2005, Domaine Méo-Camuzet : La robe est or. Le nez est fermé mais il développe des notes toastées à l’aération. La bouche est ample, puissante mais pas d’une grande longueur. Belle complexité tout de même pour un vin qui n’a pas encore digéré tout son bois. A revoir dans quelques années. Très Bien.
Chassagne-Montrachet 1er Cru 1985, Domaine Leroy : Une robe or clair. Le nez est très expressif, complexe, évolué. En bouche, c’est une lame de couteau : le vin est vif, droit, tranchant, racé. Difficile de croire qu’il a déjà 22 ans… et encore quelques années devant lui. Excellent.
Chassagne-Montrachet 1er Cru « La Maltroie » 1997, Domaine Niellon : La robe est ambrée. Le nez est ample, complexe, avec des notes beurrées. La bouche est très ample, voire un peu lourde (le saumon est totalement écrasé). La finale boisée ne me plait guère. Bof.
Meursault 1er Cru « Clos des Perrières » 1995, Domaine Grivault : Une robe ambrée. Un nez de liquoreux ( ?), oxydé… La bouche est… bizarre, avec une finale rancio. Oxydée donc…
Nous attaquons les rouges en compagnie d’un pavé de bœuf, sauce au poivre :
Châteaumeillant « Version Originale » 2006, Domaine Geoffrenet-Morval (100% gamay) : La robe est jeune, à reflets violacés. Un premier nez de fruits rouges, plus complexe à l’aération. Une belle matière en bouche, aromatique, et une belle longueur. Un beau gamay donc. Bien.
Beaune 1er Cru « Dames Hospitalières » 1998, Hospices de Beaune, élevé par la Maison Picard : Une robe rubis très légèrement évoluée. Un beau nez de pinot : fruits rouges et noirs, légèrement fumé. Une bouche élégante, aromatique, avec des tannins malheureusement un peu durs en finale. Pas grave, je l’apprécie bien. Bien.
Savigny-les-Beaune 1er Cru « Les Peuillets » 2002, Domaine Guyon : La robe est rubis. Le nez… me fait irrésistiblement penser à un problème de bouchon, non confirmé en bouche. Néanmoins, même réduit, le vin présente une bouche déséquilibrée dont on a bien du mal à trouver du plaisir. Bof.
Côtes de Bourg 1988, Roc de Cambes : Aie… Cette fois le bouchon est là et bien là. Dommage…
Vin de Corse Porto-Vecchio « Oriu » 2003, Domaine Torracia : La robe est rubis. Un nez de cire, légèrement animal et fraise des bois. La bouche est riche, puissante et plaisante malgré une finale amère. Comme dit Eric : « ça sent les chants polyphoniques ». Très bien.
Côte Rôtie 1991, Domaine Burgaud : Un nez très animal (écurie, voire étable). La bouche est aromatique syrah, acide, voire sèche. Une finale un peu courte. « Ca sent le champ de courses ». Bien.
Après ces mises en bouches, viennent les choses sérieuses. Une tarte tatin n’est pas de trop pour faire glisser ce qui suit :
Riesling VT « Wiebelsberg » 1997, Marc Kreydenweiss : Un riesling d’école... Le nez est pétrolé, la bouche est élégante, droite, avec une dominante acide, le sucre étant en retrait. Très belle longueur toujours sur les hydrocarbures. Très Bien.
Coteaux du Layon Saint Aubin « Les Varennes » 1997, Domaine Cady : La robe est or. Un nez de chenin, raisin sec, abricot. La bouche est riche, équilibrée mais encore massive. Le gros bébé costaud ne s’est pas encore assagi. A revoir dans de nombreuses années. Bien /Très Bien.
Quart de Chaume 1997, Pierre Bise : Une robe tuilée, cognac. Un nez très fin d’écorce d’orange et d’orange sanguine. Une bouche très riche, élégante, plus proche d’une sélection de grains nobles que d’un simple liquoreux. Une très grande longueur sur les raisins très confits, la plombières. Il prend des notes de cire avec la tatin. Excellent.
Condrieu « Quintessence » 1996, François Villard : La robe est tuilée. Le nez nous laisse perplexe au départ (herbes séchées) puis tout s’illumine : artichaut. Mieux : foin d’artichaut. Le pauvre a bien du mal à passer après le Quart de Chaume. La bouche paraît fluette, dominée par l’alcool. La finale est fumée, soufrée. Bien.
Encore un très bon moment de convivialité. Comme dit Eric : « Le vin ne vaut que s’il est partagé en bonne compagnie ». Merci donc à mes quatre compagnons de plaisir et à la prochaine !
François
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire