A la Baule, il est des maisons qui vous font remonter le temps, au siècle dernier où le front de mer n'était encore bâti que de villas. Des maisons en pierres de granit, aux jardins ombragés par les pins.
Le Castel Marie-Louise est l'une d'elles. Ce manoir Belle-Epoque offre 31 chambres, dont deux suites, et une table parmi les meilleures de la Côte d'Amour.
En guise de coda de notre séjour à la Baule, nous avons réservé une table pour deux, une sorte de diner en amoureux.
Le cadre est feutré, seuls quelques habitués et touristes anglais nous entourent. Nous sommes placés, comme sur la photo, juste devant la baie vitrée qui donne sur le jardin et le front de mer. Dans ce cadre propice au plaisir des sens, la seule incongruité est l'étrange ambiance sonore qui diffuse un remix de pop des années 80.
Après prise de commande et feuilletage exhaustif de la carte des vins, nous prenons conseil auprès de la jeune sommelière. Cette dernière, devinant notre ouverture d'esprit, nous conseille un Baux de Provence : cuvée "Tuilière Vieille" 2002 du Domaine Milan. La robe est jaune, à reflets verts. Au nez, cet assemblage plutôt bordelais (sémillon, sauvignon, muscadelle) est dominé par le sauvignon (buis) et des notes camphre/eucalyptus. En bouche, les trois cépages cherchent un peu leur place. Après un moment, l'ensemble est plus homogène, la bouche est fraiche et bien structurée avec une belle amertume.
Pour nous mettre en appétit (comme si besoin était), nous dégustons une mousse de chou-fleur accompagnée de thon blanc au sésame.
Puis le festival de saveurs commence...
Arrivent, dans une assiette surprenante, les sardines et piquillos en marinade à la fleur de sel, langoustines et vinaigre de framboises. A gauche sardines et piquillos, à droite les langoustines. Ce sont en fait deux entrées plutôt qu'une. Les sardines marinées sont incroyablement moelleuses et l'accord langoustines-vinaigre de framboises, renforcé par les framboises fraiches, est extraordinaire.
Pour ma part, je déguste l'encornet et langoustines en fricassée, citron jaune et persil plat. C'est d'une grande simplicité, l'encornet et les langoustines étant juste saisis, tout en restant moelleux. Le citron qui les accompagne est servi sous forme de compote non sucrée. La bouche oscille entre les textures des fruits de mer et l'acidité du citron.
Place aux plats de résistance (comment résister...?) : ma Romanée choisit l'agneau fermier du Quercy. Dans l'assiette, côte, épaule confite, bonbon de ris et rognon. C'est goutu, tout simplement bon. Que demander de plus ?
Je reste coté mer avec le bar, fraicheur de tomate, herbes fraiches et truffe. Le poisson est couvert d'un mélange mi-compote mi-coulis de tomate et d'herbes aromatiques qui donne, comme l'intitulé du plat l'indique, beaucoup de fraicheur. Les courgettes, tomates et asperges sauvages qui l'accompagnent me font irrésistiblement penser à la ratatouille du film éponyme. Encore une fois, de la simplicité, du gout. Il n'en faut pas plus pour nous rendre heureux.
Pas plus ? Ce n'est pas certain...
Après un passage obligé (Gwenola n'est pas de mon avis à propos de ce qualificatif) par le plateau de fromages, nous apportons la touche finale à notre soirée en amoureux : les fraises flambées à la liqueur de rose pour deux.
S'il est un spectacle (trop rare) que ma moitié adore, c'est celui du maitre d'hôtel qui découpe, lève les filets ou flambe en salle. Elle ne fut pas déçue.
Suivez-moi bien : après avoir changé le sucre en caramel, les fraises y sont ajoutées puis arrosées et flambées à la liqueur de rose. Enfin, elles sont servies avec un sorbet à la rose et des pétales de rose cristallisés.
Avec un verre de Moscato d'Asti pour elle et de Rasteau pour moi, nous nous régalons de ce dessert au plaisir presque régressif, accentué par les mignardises parmi lesquelles des sucettes à la fraise et pistache.
Notre première semaine de vacances s'achève déjà. Nous aurons bien besoin de la seconde pour nous remettre de toutes ces émotions gustatives.
François
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire