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Bienvenue à toi, aventureux surfeur, qui vient s'échouer en quête de sens gustatif. Ici tu trouveras des récits d'agapes, des notes de dégustations bacchiques et des adresses prometteuses compilées avec amour.

mardi 2 décembre 2008

Ma folle journée au Salon des Vignerons Indépendants

Jeudi, alors que mon Astre et moi faisons notre tournée dans le salon, nous apprenons que Tessa Laroche était venue seule. Ne faisant rien de particulier le week-end, je lui propose de lui « filer un coup de main ».

Dimanche matin, 10h45, les clients se bousculent pour récupérer un verre à l’entrée du salon. Si le jeudi, nous avons affaire à une population d’amateurs, voire de professionnels, le dimanche, les clients se déplacent en famille.

Pour rejoindre le stand R37, je dois déjà jouer des coudes et éviter les poussettes. Nous sommes trois femmes à tenir le stand : Tessa, la vigneronne, Caroline, sa cousine et moi-même. La mise dans le bain est rapide, car les clients se pressent déjà. La répartition des rôles se fait naturellement : Tessa est sur tous les fronts, Caroline s’occupe de la préparation des cartons et des factures ; quant à moi, je fais des allers/retours entre le frigo et le comptoir pour faire déguster les vins et tchatcher avec les clients.

De 11h30 jusqu’à 13h, c’est la folie, le stand est plein à craquer. Qui en est où ? Avez-goûté le 2000 ? Vous préférez les vins jeunes ? Que pensez-vous de la Cuvée des Abbesses ????
13h, on souffle un peu, Tessa prépare le casse-croûte : charcuteries (le pâté en croute au foie gras et à la pistache est extra) et tarte aux pommes sont au menu. Je profite d’une courte accalmie pour déguster le rosé et les rouges corses de nos voisins de gauche (Clos Signadore) : le Clos en 100% Nielluccio est une petite merveille avec le jambon fumé.
Les affaires reprennent, je prendrai le dessert plus tard.

Vous avez combien d’hectares de vignes ? Quelle taille pratiquez-vous ? C’est quoi la différence entre le Savennières et le Savennières-Roche-aux-Moines ? Les vendanges du 2005 ont débuté quand ? Vous êtes situé sur le massif armoricain ou vous êtes encore sur le bassin parisien ?
Euuuhhhh ? Tessaaaa au secours !
Si j’arrive à peu près à m’en sortir sur les questions basiques, dès que cela devient trop technique je ne m’en sors plus. Par contre je m’éclate sur la partie gastronomie.
J’aime bien le 94, mais je ne vois pas comment le servir ? Ah ! Le 94 a du gras, je le vois bien avec une lotte à la crème et au curry, ou un ris de veau, ou encore une poularde aux morilles… A Noël je veux faire une poêlée de Saint Jacques, quel millésime me conseillez-vous ? Sans hésiter le 2000, tenez, goutez-le et imaginez votre assiette de Saint-Jacques à côté.
14h30, nouvelle pause, j’en profite pour déguster la tarte aux pommes avec un fond de Cuvée des Abbesses, il n’y a pas de mal à se faire un peu de bien !

C’est un peu plus calme maintenant, on peut prendre un peu plus de temps avec les clients. Comme ce jeune couple qui recherche des 2007 (année de naissance de leur fille), ou ce plougastellad (habitant de Plougastel Daoulas) avec qui je parle un peu du pays…
Parfois je me demande comment réagir face à certains clients. Que dire à la personne qui dénigre les vins du célèbre vigneron voisin ? Que répondre à la question : chez machin les vins sont moins chers ?…
15h30, Caroline, nous quitte avec sa valise pleine de bouteilles. On ne se retrouve plus qu’à deux derrière le comptoir.
Le salon prend des airs de sortie du dimanche en famille. En général, les hommes ne demandent à goûter que les secs en précisant bien que Madame préfèrera les douceurs et finalement, au grand étonnement de Monsieur, ce n’est pas le plus liquoreux que Madame préfère mais les secs jeunes et le moelleux !
La logique du client est de temps en temps assez déroutante « Vos secs sont pas mal, mais je n’aime pas trop les vieux. Par contre votre moelleux est très beau et votre liquoreux FA.BU.LEUX. Bon je vais prendre le dernier sec que vous m’avez servi. » « Le 94 ? » « Oui, oui, celui-là » !?!
Le client a toujours raison et il ne faut pas le contrarier, cela peut donc aboutir à un dialogue de sourds : «On m’a dit de venir goûter vos vins. Comment sont vos Savennières rouges ? ». « Monsieur, il n’y a que du blanc sur l’appellation Savennières, par contre nous avons un Anjou rouge ». « Très bien ». Le client déguste le rouge et zieute sur les tarifs. « Pourquoi le Savennières rouge est-il moins cher que le blanc ? » « Les blancs de Savennières sont beaucoup plus réputés, Monsieur. »

17h30, le stand est vide, j’en profite pour aller voir notre voisin de droite, les vignobles Laurencin (1ères Côtes de Bordeaux). Leur blanc, riche en muscadelle, est d’une grande fraîcheur. Je suis agréablement surprise de trouver une telle fraîcheur dans le bordelais.

Pas le temps de goûter autre chose, Tessa me confie à un client en me précisant que c’est un passionné. Comme c’est agréable de pouvoir échanger nos impressions, de parler des vendanges, des vinifs … Ben oui, à force d’entendre Tessa, la leçon commence à rentrer ! Donc en 2007, le botrytis s’est installé rapidement. Les vendanges ont débuté par les raisins entièrement botrytisés (Cuvée des Abbesses), ont continué avec les raisins semi-botrytisés (Cuvée des Nonnes), puis avec les queues de vendanges, nous avons obtenu le sec. Notre passionné, qui ne s’intéressait qu’aux secs, me précise « vous m’avez convaincu de goûter vos moelleux ». YEEESSSSS !

Retour chez notre voisin bordelais pour goûter les rouges. J’ai principalement aimé la Grande Réserve Emotion, un vin rouge qui a vieilli 2 ans en fût neuf, avec un fruité superbe (cassis, mûre, framboise …), des tanins souples et un velouté en fin de bouche très agréable.

18h30, le salon commence à se vider, les clients viennent chercher leurs commandes ou passer commande après les dégustations de la journée.
19h, nous faisons un petit bilan, c’est un bon dimanche !
19h30, je quitte le salon, fatiguée, mais contente de ma journée.

Epilogue : lundi matin, 6h, le réveil sonne. J’ai mal partout, j’ai la tête complètement dans le coton. Et dire que je n’ai fait qu’une journée ! Un grand bravo à nos amis vignerons qui sortent des vendanges et arrivent à tenir physiquement à cette épreuve.

Gwenola

3 commentaires:

Bruno Bosselin a dit…

Et le Savennières rouge botrytisé, ça existe ?

bruno

Gwenola a dit…

Je pense que c'est une nouvelle niche !!!!

Bruno Bosselin a dit…

Hi Hi Hi

bruno