Pendant tout ce weekend rhodanien, nous avons posé nos valises au Domaine de Clairefontaine à Chonas L’Amballan.
Une belle bâtisse, dans un grand parc propice à la tranquillité, que demander de plus pour des œnophiles fatigués de longues séances de dégustation. La quiétude est d’autant plus appréciée quand elle est accompagnée d’une bonne table, jugez plutôt.
Sur les cuisines règne Philippe Girardon, M.O.F. et Stella Bibendumi (comprenez étoilé au Guide pneumatique). Exceptionnellement, il a accepté de nous préparer le menu dégustation en lieu et place du menu spécial Marché des Vins d’Ampuis.


Après les mises en bouche, nous dégustons la Saint Jacques blanche de Saint Quay Portrieux poêlée, velouté de pomme boulangère et écume de persil plat. La noix de belle taille repose sur un écrasé de vitelottes. Une bouchée très moelleuse pour commencer en douceur avant les saveurs plus marquées du Homard rôti, tagliatelles de racines et chiffonnade de tétragones, jus des têtes pressées. Contraste de textures entre le croquant des racines, la fermeté de la chair du homard et le moelleux de la pince. Difficile de faire le difficile…


C’est au moment où ce plat arrive que nous nous apercevons que nous avons déjà terminé la bouteille de vin blanc qui nous tenait compagnie jusque là. Ce Château Grillet 2006 était trop séduisant pour que nous lui opposions une grande résistance. Un premier nez de Meursault (dixit mes voisins) s’épanouissant sur le sucre cuit. Une bouche vive qui prend de l’ampleur en finale avec de beaux amers fenouil/anis. Après l’exubérance de ses premières années, il est clairement en train de se fermer. A redécouvrir dans une dizaine d’années. En attendant, et pour accompagner le bar et les fromages locaux, nous décidons, contraints et forcés ( !!), de sacrifier une seconde bouteille, d’autant que les notes douces anisées du jeune fenouil s’accordent très bien avec elle.


Pour ce plat, nous délaissons le Château Grillet pour le Patrimonio « Grande Expression » 2004 du Domaine Gentile. Le nez est très clairement sudiste avec ses notes de tapenade et anchois qui me font penser à une remise des anciens du Languedoc plutôt fameuse. La bouche est très droite, voire tendue. Si la dégustation pure me laisse un chouia dubitatif quant à l’accord, je suis très rapidement mis en défaut car ce dernier fonctionne très bien, l’acidité du vin s’équilibrant avec le gras du foie pour mettre en relief le pigeon sanguin.


Alors que ma Comtesse part se réfugier dans les bras de Morphée, nous passons au salon pour un dernier verre. Ce sera une Tarragone jaune 1963. Un nez fin de résine et de miel. La bouche dominée par le sucre s’épanouit sur des arômes de poire et d’aiguilles de pin. Une très belle persistance sur une note finale de safran. Une très belle coda pour ce concerto gastronomique.
François