Eh oui, tout arrive... Ma Comtesse a pris une dizaine.
Rassurez-vous, fidèles lecteurs, elle est toujours aussi fraiche qu'au premier jour mais le compteur continue malgré tout à tourner. Pour fêter l'évènement, quelques amis et quelques bouteilles, toutes du même millésime (les bouteilles). Il m'a fallu du temps pour les rassembler dans l'optique de cette soirée et le résultat de mes recherches fut au-delà de mes espérances pour ces breuvages canoniques. Jugez plutôt...
Pinot blanc 1971 et Riesling 1971 de Robert Faller : Des robes comparables mais des caractères opposés. Etonnament, c'est le pinot qui fait plus belle figure avec un nez expressif et une bouche agréable si ce n'est équilibrée. En revanche, le riesling se montre agressif, dominé par une acidité trop tranchante.
Graves Grand Cru Classé, Château Carbonnieux 1971 : Une précédente dégustation de ce cru, dans un millésime plus récent, m'avait fait craindre le pire... Que nenni ! Le nez présente de magnifiques arômes d'agrumes. Le sauvignon domine une bouche équilibrée et complexe. Quelle jeunesse ! Le blanc de la soirée.
Bâtard-Montrachet Grand Cru 1971, Leroy (négoce) : J'espérais beaucoup de cette bouteille mais la couleur à travers le verre était un peu trop prononcée pour être engageante... Trop vieux, trop tard... Dommage.
Beaune Clos des Avaux 1971, Hospices de Beaune : Encore une surprise : un pinot noir qui "grenache". Le nez est puissant, avec des notes animales. La bouche présente une sucrosité qui ferait presque penser à un Maury. La tout manque hélas de fraicheur. Excès de chaptalisation peut-être ?
Corton Grand Cru 1971, Domaine Rapet : En revanche, ça, c'est du pinot ! Comment remercier l'ami Bruno pour nous avoir permis d'acquérir cette bouteille auprès du Domaine ? En le citant peut-être : "Dès le premier nez, on retrouve ce nez de pinot, qui balance entre fruits rouges et noirs. Notes légères de café torréfié à l'aération. En bouche, c'est la complexité et l'équilibre qui dominent. Fraîcheur, droiture, longueur, acidité intégrée, tannins polis, fruité épicé. Ultra-persistant, sur un registre toujours délicat et droit. Le rouge de la soirée. Sans doute supérieur au 1985 (et en ayant encore sous la pédale). EXCELLENT." Pas mieux...
Mazis-Chambertin Grand Cru 1971, Marquis de Villeranges : Qui n'a jamais gouté Gevrey pourrait en apprendre un peu au contact de ce vin, tant il exprime son terroir. Il est droit, tout en rigueur cistercienne avec cependant l'éléance propre au pinot qui se rappelle à nous avec un fruit qui fait penser à de la myrtille. Très plaisant.
Musigny Vieilles Vignes Grand Cru 1971, Domaine Comte Georges de Vogüé : Tout est là, le soyeux et la puissance mais pas l'harmonie. On sent un grand vin mais le plaisir n'est pas tout à fait là. Aurait-il été meilleur avec un peu d'aération pour le libérer de son carcan de verre ? Commentaire de ma Comtesse : "Quand on goute un Musigny du Comte de Vogüé, on dit que c'est bon !!"
Moulis en Médoc, Château Poujeaux 1971 : J'aime Poujeaux, son élégance, sa présence qui ne cherche pas à en imposer. Ici, il est fidèle à lui même bien qu'un peu fatigué. Il n'a pas encore crié grâce mais le chant du cygne n'est pas loin.
Pauillac Grand Cru Classé, Château Pichon Lalande 1971 : Cette bouteille était la dernière d'un lot de six et pas une n'était comparable aux autres. Certaines étaient passées, d'autres superbes. Celle-ci est plutôt entre les deux. Le nez est un superbe bouquet d'immortelles séchées. La bouche hélas est muette...
Pauillac Grand Cru Classé, Château Mouton Rothschild 1971 : Ce vin me laisse perplexe... Comment exprimer ce qui n'est ni une déception ni un plaisir intense mais une impression de mixed emotions. Le nez et la bouche sont à l'unisson : racés, profonds. Malgré tout (est-ce l'étiquette ?), nous restons un peu sur notre faim. Il ne manquerait pas grand chose pour en faire un Grand Vin.
St Estèphe Grand Cru Classé, Château Cos d'Estournel 1971 : Quatre années auparavant, chez Michel Rostang, cette bouteille nous avait scotchés par sa puissance et son insolente jeunesse. C'est dire si j'y mettais beaucoup d'espoirs. Las, le bouchon... Et pourtant, le vin est là et bien là, mais...
Pomerol "Grand Cru", château La Fleur-Pétrus 1971 : J'ignore (par manque d'expérience) si le merlot à maturité ressemble à ce vin mais je ne peux que l'espérer. Le nez est un mélange puissant, à la fois terrien et fruité. La bouche est soyeuse, avec des tannins fondus. Une vraie gourmandise.
Champagne Perrier-Jouët 1971 : Plus d'effervescence, plutôt fluet, dommage...
Coteaux de l'Aubance, La Morinière 2008, Château de Bois-Brinçon : Un beau chenin, élégant, au sucre présent mais mesuré. Une petite gourmandise.
Riesling Kabinett, Scharzhofberger 2008, Egon Müller : Un archétype de riesling allemand au nez frais et à la bouche très légèrement perlante. Vinifié sec, il nous apparait un peu dur après le chenin mais il a un très beau potentiel.
Riesling Beerenauslese, Ürziger Würzgarten 1971, Jos. Christoffel Jr. : Je n'aurais pu rêver plus belle apothéose à cette soirée de réjouissances. Le nez est très expressif, complexe, cèdre, pétrole et agrumes. En bouche, l'équilibre est parfait (y'a pas d'autre mot...) entre acidité et sucre. Un vin très digeste, long, sur des arômes exotiques (ananas/passion). L'apothéose, vous dis-je...
François