Bienvenue
Bienvenue à toi, aventureux surfeur, qui vient s'échouer en quête de sens gustatif. Ici tu trouveras des récits d'agapes, des notes de dégustations bacchiques et des adresses prometteuses compilées avec amour.
A lire les commentaires élogieux ça et là, il y avait bien longtemps que j'avais envie de rendre visite à Peter Nilsson.
Et puis, c'est en me promenant au hasard entre Ledru-Rollin et Faidherbe-Chaligny que je suis tombé sur La Gazzetta. Une première visite seul, puis un autre à deux, méritaient un compte-rendu détaillé.
La formule du déjeuner est plutôt originale : une entrée -ou plutôt trois petites entrées- un plat (avec ou sans supplément) pour 17€ ce qui, pour la qualité de l'assiette, est une vraie aubaine. De plus, la carte des vins est riche de quelques noms (Vieilles Vignes de Mongueux de Jacques Lassaigne) peu connus mais de qualité.
Première visite :
Installé tranquillement au comptoir, je devise tranquillement avec le barman qui me sert un verre de Calvi 2010 du Clos Culombu.
Les trois entrées : Soupe de potimarron, Sardines grillées, navet, pain fumé et aneth, Pizza bianca, purée de champignons, laitue de mer et mozzarella. Moi qui ne suis pas très potiron/potimarron et consorts, je suis enchanté par la soupe. Les sardines et les navets forment un bouquet d'amertumes original. Quant à la pizza blanche, elle est tout bonnement bluffante, le croquant de l'algue répondant au croustillant de la pâte, en contrepoint du moelleux de la purée de champignons.
Le plat : Épaule de veau confit, carottes, mouron des oiseaux et raifort. L'agneau est parfaitement cuit mais je m'attendais à un confit un peu plus moelleux. Les carottes sont cuites et crues et le tout est justement relevé par le raifort.
Pas de dessert, le boulot m'attendant.
Seconde visite :
Les entrées : Soupe de potimarron au céleri (petite variation), Rillettes de canard et bœuf, carottes et radis noir, Pizza bianca, crème de boudin, champignons. Une fois de plus, la pizza offre un accord étonnant entre le moelleux à la saveur puissante du boudin et le croquant des champignons crus.
Le plat : Poularde, purée d'artichaut, cresson, betterave, endives. Cuisson parfaite.
Les desserts : Moelleux au chocolat, framboises, passion.
Pour ma part, je me rabats sur l'assiette de Comté et physalis.
Vous l'avez compris, La Gazzetta est un de ces lieux où le principal n'est pas dans la déco mais dans l'assiette. Pour un rapport qualité-prix, rappelons-le, très intéressant. Alors, allez-y !
François
Déjà novembre et déjà l'avant-dernier apéritif œnologique du 228 de l'année. Estelle Touzet nous propose une dégustation de Riesling, avec quelques découvertes en perspective.
Une fois n'est pas coutume, commençons par les bouchées.
Crème de fenouil, cœur de saumon Balik, bouquet d'herbes et espuma de fenouil. Les textures s'entremellent joliment : douceur de la mousse, croquant des légumes et moelleux du saumon, le tout relevé par le gout iodé de l'oyster leaf. Comme le dit Estelle, nous sommes en bord de mer à déguster des huitres.
Le premier vin a une robe or clair. Le nez est "rieslingant", sur un hydrocarbure léger, jus de citron et papaye. L'attaque est vive, la bouche est tendue et fraiche, désaltérante, avec une finale sur les agrumes. Un vin bien fait et plaisant. Nous sommes en Nouvelle-Zélande, à Marlborough, avec le Riesling Momo 2008 de Seresin Estate.
Avec la bouchée, nous avons un accord de vivacité, le vin prenant du mordant pour donner un coup de fouet au moelleux de la bouche.
Rouget de roche, lard de Colonnata, nori, raviole de crustacé, écume iodée. Deux filets de rouget de chez rouget, maintenus par l'algue, enroulés dans le lard transparent. Encore beaucoup de délicatesse en bouche et des saveurs marquées.
Le second vin a une couleur or trouble, serait-il non filtré ? Au nez, c'est du carambar ! L'attaque est vive, la bouche nerveuse, avec une amertume très marquée. C'est très déroutant, voire pas bon... Cela tempère quelque peu notre surprise quand nous apprenons qu'il s'agit d'un vin serbe, le Riesling Poema 2008 du Domaine Frankuska Vinarija, d'Estelle Germain et Cyrille Bongiraud.
L'accord avec la bouchée atténue légèrement le rouget. Mais peut-on parler d'accord quand l'un des partenaires est défaillant... ?
Yannick Alléno dans ses oeuvres : Homard bleu dans une soupe à l'huile d'olive, cœur de chou-fleur à la fleur de sel, grenaille et dentelle de sarrasin. Le homard est top, l'huile d'olive est traitée comme un beurre blanc, c'est tout simplement remarquable.
Pour ce grand plat, nous attendons un grand vin. Il nous arrive carafé. La robe est or. Le nez est fin et complexe, noisette fraiche et sucre cuit. L'attaque est vive et fraiche. La bouche est longue à se développer mais présente un bel équilibre. Une superbe note de vanille de Tahiti. Ma Comtesse devine le domaine au premier coup : la cuvée Frédéric Emile 2004 du Domaine Trimbach.
Sans surprise, l'accord est sublime, une explosion aromatique, encore meilleure avec la pince de homard.
Attention, Camille Lesecq Time : Gateau basque, glace poire/miel d'acacia, poire rôtie au caramel tonka. En un mot comme en cent, c'est une tuerie !
Je vais me répéter : à grand plat, grand vin. Il a une robe or clair. Le nez est frais et complexe, orange amère, immortelle, passion. La bouche est magnifique, légèrement perlante. Le sucre est présent mais pas envahissant. La longueur est interminable, sur le jus d'orange et la mangue. L'origine germanique est évidente, ainsi que le producteur : il s'agit du Riesling Auslese Graacher Himmelreich 2005 du Weingut Joh. Jos. Prüm.
Comme dirait José : "le vin c'est bon, le dessert c'est bon, le vin et le dessert c'est bon".
Encore un apéritif qui se termine en apothéose. Rendez-vous en décembre pour le cabernet dans tous ses états.
François