Oui, c'est vrai, nous avons des gouts de luxe.
Et puis, après avoir passé les fêtes de Noël séparés, nous avions envie de nous retrouver tous les deux pour la Saint-Sylvestre.
Alors, à nous la vie de château! Pour une soirée certes, mais une belle soirée.
Entre Noël et le Jour de l'An, Paris est une ville morte. Tous les restaurants intéressants (j'assume cette assertion) sont fermés. Restent les palaces mais là, les tarifs sont totalement prohibitifs.
Alors cap sur la province... pardon, sur les régions. Après un détour par Cancale (cf. compte-rendu précédent) et le Finistère, nous nous dirigeons vers le Val de Loire et Chinon. A quelques kilomètres au Sud, aux portes de la Vienne, le Château de Marçay nous attend.
Imaginez une jolie bâtisse du XVème siècle, au milieu d'un parc de 15 hectares, avec ses vignes, sa truffière et sa piscine. Immanquablement, L'invitation au voyage de Beaudelaire me vient à l'esprit. Dans un superbe mélange d'architecture ancienne et de confort moderne, le lieu invite au laisser-aller.
En cette soirée de Saint-Sylvestre, tous les convives se retrouvent au salon pour un apéritif musical. Au son des grands classiques du gospel, nous buvons le Brut Sélection de Mumm en dégustant quelques amuse-bouches.
Escargot et royale de foie gras, Huitre et betterave.
Nous passons ensuite à table où le menu spécial de réveillon nous attend.
Le Foie gras d'oie de la Maison Andignac à la cazette. La cazette est un mélange noisettes sélectionnées, torréfiées et broyées. Elle entoure en partie le morceau de foie gras. Il y a bien longtemps que nous n'avions mangé du foie d'oie et j'avais oublié cette saveur puissante et onctueuse qui me ferait presque renier le canard.
Avec le menu, nous avons choisi l'accord mets et vins. Pour cette entrée, le sommelier(de très bon conseil !) nous sert un Jasnières Kharacter 2005 de Christine de Mianville. Une robe or foncé, un nez de coing et une bouche très minérale à l'amertume fine, avec une finale sur le coing et la passe-crassane. Le plus surprenant, c'est que ce vin est issu de raisins vendangés en surmaturité, ce qui lui donne une sucrosité fine et inattendue qui s'accorde très bien avec le foie gras.
Le Caviar de Val d'Aran et son embeurrée de pomme de terre au Daï-daï, parfum de raifort. Accord classique mais toujours réussi, relevé par la saveur fraiche du raifort.
Le vin proposé pour l'accord est le Montlouis Touche-Mitaine 2009 de Xavier Weisskopf. Un nez de citron et une bouche vive mais qui s'arrondit en s'épanouissant, formant un bel équilibre. L'accord est superbe avec le caviar et les gouttes d'huile à l’ail des ours.
Vous ne serez guère surpris, fidèles lecteurs, en apprenant que nous n'avons pu résister à plonger dans la belle carte des vins de l'établissement. En effet, à la lecture de certains mots, ma Comtesse a craqué pour une bouteille en voie de disparition. En effet, le phylloxera a reparu, obligeant le Domaine Charles Joguet à arracher les pieds de Cabernet Franc des Varennes du Grand Clos Franc de Pied. Ce 2002 a une robe rubis clair, sans aucune trace d'évolution. Un beau nez de myrtille qui s'épanouit sur le zeste de citron. La bouche est vive, avec une belle acidité mais aussi de la finesse qui ferait presque penser (à l'aveugle) à un pinot d'Irancy ou à des tannins de Gamay. Son bel équilibre gustatif lui permettra de très bien se comporter avec les plats du menu.
La Tranche de lotte enragée au paprika, crémeux de cerfeuil tubéreux et hélianti rôti, jus de poulet à l'huile d'argane. Attention, papilles conservatrices s'abstenir car ce plat a de quoi les surprendre. Entre la fermeté du poisson, la force du paprika, le moelleux de la purée légèrement sucrée, c'est un un mélange explosif de textures et de saveurs. Personnellement, j'adore.
Le sommelier nous propose le Vouvray Les Enfers 2009 de Mathieu Cosme. Un nez de poire et une bouche de demi-sec, acidité et sucre. L'accord lotte/purée/vouvray est bien pensé. Mais la lotte et le Chinon se marient parfaitement.
Attention, OVNI gastronomique en vue. Sobrement intitulé Sorbet au thym, cette variation ligérienne du trou normand est tout bonnement divine. Le sorbet est excellent en lui-même mais ce qui en fait un met d'exception est l'alcool dans lequel il baigne. Il s'agit d'Orvale Blanche, une boisson à base de sauvignon aromatisée à la sauge.
Le Pigeon de Racan cuit en cocotte de foin, pulpe de cèpes et coings confits, jus au genièvre. Une assiette très graphique pour un plat encore haut en saveurs. Le suprême est bien rosé et la cuisse confite est une tuerie. Quant à la purée de cèpes... waow! De plus, l'accord avec le Chinon est tout simplement magique, le vin prenant une longueur interminable.
Nous découvrons le vin maison, le Touraine 2005 du Château de Marçay. Un nez de piment d'Espelette et d'épices qui prend des notes d'artichaut et de topinambour en s'aérant. Une bouche vive et tannique. Ce n'est pas un grand vin mais un beau vin.
Le Brie de Melun truffé. Là encore un classique mais l'amateur de truffe noire que je suis ne le refuserais pas.
Le vin qui l'accompagne est l'Ampelidae "Le K" 2006. Un nez de fruits et une bouche tannique. L'accord avec le brie fonctionne bien. Ce dernier est très affiné et le vin casse l'amertume de la croute.
Croustillant praliné/banane, glace praliné.
Autre caprice, mais commun cette fois. Nous étions curieux de gouter ce Coteaux du Layon 1959 du Domaine Moulin Touchais. Une robe ambrée, un nez de champignon de couche, une attaque souple et une acidité minérale vive, le sucre n'apparaissant qu'en finale, avec des arômes de sous-bois et de mirabelle. C'est un vin superbe et très agréable. Décidément, le chenin ne cesse de me surprendre.
Texture chocolat/mandarine, glace aux marrons.
Nous finissons la soirée au salon de musique pour une dernière danse au son des guitares.
Gwenola, ma Comtesse, et moi vous souhaitons une très bonne et très heureuse année 2012.
François
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