Il y a des jours comme ça où le moral est en berne... santé, boulot, météo... quand rien ne va et que rien ne semble pouvoir vous faire remonter la pente. Pourtant, chacun a son propre remède à cette morosité : rester sous la couette, avaler un bon chocolat chaud (de Valrhona si possible), ouvrir une bouteille de vin de méditation, ouvrir un pot de rillettes...
Si toutes ces recettes ont ma bénédiction, je pense avoir trouvé l'imparable panacée en l'Auberge Bressane.
Et là vous me direz "Bressane... donc il y a du poulet". Oui, mais pas que ! Suivez-moi bien...
Nous sommes entre Invalides et Ecole Militaire, dans un quartier que le mot coupe-gorge ne décrit guère. Le lieu a le parfum et la déco des auberges des années d'après-guerre, quand les Routes Nationale égrenaient leur patrimoine culinaire : Dumaine, Troisgros, Brazier, Point, Pic... Du bois, des miroirs et des tables accolées qui permettent parfois la conversation voire la connivence avec les autres convives. Ici, point de moléculaire, ni de fusion, ni de World Food. Ici, on mange Français, Monsieur !
La carte est un hymne à la cuisine bourgeoise dont les noms des plats résonnent dans notre mémoire collective. Qui n'a pas gardé le souvenir du bourguignon de sa grand-mère ou du coq au vin du dimanche ? Et la liste est longue, des entrées aux desserts, de ces plats dont on se dit "Tiens, ça fait longtemps" ou "On n'en voit plus sur les cartes des restaurants". Réjouissez-vous, car grâce à L'Auberge Bressane, vos papilles pourront (re)découvrir le gout des cuisses de grenouilles, du soufflé au fromage, des quenelles de brochet, du poulet à la crème, vin jaune et morilles et des crêpes Suzette flambées au Grand-Marnier.
Après un apéritif au Cerdon du Bugey rosé, le choix du menu est épineux tant tout dans la carte est alléchant. C'est donc le choix du vin qui va guider le choix des plats. Le Côte-Rôtie 2010 de Stéphane Ogier est certes jeune mais il présente un belle matière serrée (carafage nécessaire) et des arômes élégants à l'aération.
En entrée, nous partageons la suggestion du jour :
C'est puissant, roboratif et terriblement addictif. Le plat embaume la truffe noire, le croquant du céleri en brunoise réveille le palais tapissé du moelleux du foie gras. Une belle entrée en matière.
Ma Comtesse, friande de carcasses, se régale de cet oiseau très rosé et bataille pour en retirer la moindre parcelle de viande sans y mettre les doigts. Afin de ne pas masquer le goût, il n'est arrosé que du seul jus des légumes glacés. Au cas où (où quoi?), un plat de pommes allumettes se pose à proximité de son assiette...
Autre suggestion du jour, elle s'accorde parfaitement au Côte-Rôtie. Un plat de saison, goûteux et qui a l'effet escompté : combler le corps et l'esprit.
Après ces agapes, l'heure est venue du choix du dessert... Soufflé, crêpes, Mont-Blanc... ?? N'écoutant que ma goinfrerie, je persuade ma Comtesse de m'accompagner pour une Omelette Norvégienne.
Après réflexion, nous aurions pu être plus raisonnables et ne partager qu'une seule Omelette... Qu'importe, nous nous laissons esbaudir (ainsi que toutes les tables environnantes) par le spectacle du service (flambage et découpage).
Une fois la grosse rasade de Grand-Marnier consumée, nous nous attaquons à l'Everest qui emplit nos assiettes. Tout y est, le biscuit, les glaces vanille et fraise et une meringue juste sucrée et très légère. C'est une merveille de régression et un abîme de honte de ne pas pouvoir tout finir.
C'est l'estomac plein, le cœur léger et les soucis oubliés que nous quittons l'Auberge Bressane, mais sans regrets car, vous l'aurez compris, nous y retournerons ! Et si mon discours ne vous aura pas totalement convaincus, le service fort sympathique et prévenant vous décidera peut-être finalement à faire le déplacement.
François