Soirée doublement exceptionnelle : depuis quelque temps, nous avions envie de goûter la cuisine de Maxime Laurenson qui officie au Loiseau Rive Gauche, ex-Tante Marguerite. La venue de Jean-Michel Deiss pour une soirée œnologique d'exception fut l'étincelle qui nous décida à découvrir les lieux.
Derrière l'Assemblée nationale, dans une Rue de Bourgogne désertée pour cause de vacances scolaires, Loiseau Rive Gauche trône paisiblement. A l'intérieur, l'ambiance feutrée et le décor aux tons chauds invitent à l'apaisement.
Ce soir donc, un menu spécialement préparé en accord avec les vins présentés par le vigneron.
Est-il besoin de présenter Jean-Michel Deiss, le chantre du complantage et des terroirs alsaciens ? Depuis bien longtemps, la qualité de ses vins est reconnue par tous les amateurs.
La dégustation commence par une ballade entre Alsace et Auvergne : une tartine de Saint-Nectaire allégée par de jeunes pousses et un œuf façon cocotte au carvi et au même Saint-Nectaire de compétition. Face à la richesse auvergnate, le fruit de l'Alsace blanc 2015. Le nez est minéral et la bouche, légèrement perlante, est un panier de fruit d'où émergent le Muscat et le Gewurztraminer. La vivacité du terroir siliceux ressort bien de ce complantage de 13 cépages. Bel accord avec le Saint-Nectaire. Bien+
Une huître d'un beau calibre (n°1) à qui la préparation donne de la fermeté. Le jus poire et reine des prés oscille entre douceur et verdeur pour un gout final peu iodé surprenant. L'Alsace Engelgarten 2014 a un nez qui légèrement vers l'empyreumatique (pétrole). La bouche, en revanche, part un petit peu dans tous les sens. Une pointe de sucre (maturité) et une grosse amertume. Au contact du plat, le vin prend un gros coup de peps. Bien/Bien+
Un plat exceptionnel ! Un poisson à la cuisson millimétrée, à la chair fine et délicate, parfumée à l'huile de fane de carotte et accompagnée de carotte rôtie et de purée de carotte aux épices. Douceur, onctuosité et saveurs authentiques. Bravo !
L'Alsace Rotenberg 2012 a un nez de Riesling et de guimauve/fraise tagada/framboise. La bouche est riche, mûre. Un beau vin pour un beau plat et l'accord est magique. Les deux protagonistes prennent de l'ampleur et de la longueur au contact l'un de l'autre. Très Bien/Excellent
Un parfum de fumé plein de promesses envahit la salle quand arrive le caneton entier sur son lit de foin brûlé. L'impatience nous gagne...
Il revient accompagné d'asperges blanches, d'une saucisse de cuisse, d'une purée d'herbes, de cerise amarena et d'huile de verveine.
Là encore un très beau plat goûteux et gourmand. Le plat est composé sur l'équilibre entre fumé, douceur, fraîcheur et acidité. Un chahut en bouche fort séduisant. Les accompagnements, pommes dauphine au cœur coulant et tartelettes, remettent une couche de gourmandise.
Accord de circonstance avec l'Alsace Burlenberg 2014, la colline brûlée. Mélange de pinots, il a un nez sauvage, presque nature. En bouche, l'attaque est vive, l'acidité et les tannins sont bien présents. Y'a du vin ! Il réveille le palais entre deux bouchées de canard. Excellent
Les desserts et post-desserts se passent de commentaires... Le pâtissier aime l'acidité.
Un peu de sucre va venir équilibrer tout cela avec l'Alsace Huebuhl 2010. Le nez est carbonifère, fin et exotique (coco, papaye). La bouche est légèrement perlante, équilibrée entre sucre et acidité, avec une finale de silex. Excellent
Réunissez deux talents et vous obtenez un dîner exceptionnel. Mais n'était-ce pas ce que je vous promettais au début de ce compte-rendu ? Maxime Laurenson a réussi avec brio l'exercice délicat d'accorder sa cuisine avec les grands vins de Jean-Michel Deiss. Grand bien nous a pris d'assister à cette rencontre. Rendez-vous à la prochaine soirée œnologique du Loiseau Rive Gauche...
François
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