Quand les vignerons "montent" à la capitale, ils ne font pas les choses à moitié, surtout lorsqu'il s'agit de se changer les idées après une année 2021 marquée par le gel, la grêle et autres calamités fongiques. Après avoir visité quelques adresses emblématiques, ils nous ont proposé de les accompagner pour déguster de la grande cuisine chinoise à l'Imperial Treasure.
Sans aucun doute, la cuisine (ou plutôt les cuisines) chinoise(s) figure(nt) dans le top cinq des cuisines du monde. Malheureusement, elle est bien souvent réduite à des clichés trop mal interprétés pour être appréciée à sa juste valeur. Aussi, l'occasion était trop belle pour la laisser passer. Car l'Imperial Treasure n'est pas le boui-boui du coin de la rue mais un vrai restaurant gastronomique. Jugez plutôt...
Abandonnons l'idée du traditionnel menu entrée/plat/dessert. Notre grande table ronde est dotée d'un plateau central tournant. Donc, nous commandons, tout arrive (dans un ordre mystérieux) et tout se partage. L'important est de bien maitriser la rotation du plateau central... Donc, les plats décrits ci-après le sont dans leur ordre d'arrivée.
En un mot : croustifondant. Ca croustille sous la dent et, dans la bouche, c'est fondant... Petit bémol, c'est bon mais quand même un peu gras. Mais comme le gras, c'est la vie...
Attention. Avec les Dim Sum (bouchées vapeur), on passe directement de la seconde à la quatrième. C'est pas du surgelé ! Bien au contraire, ce sont les meilleurs que nous ayons jamais dégustés. Avec un peu de sauce pimentée maison, ces Ha Kao sont divins.
Là, ça devient technique car ces Bao contiennent un bouillon qu'il convient d'aspirer avant de mordre dans le vif du sujet. Le dit-bouillon est d'ailleurs une tuerie ce qui place cette bouchée dans le haut du panier (vapeur).
Là aussi un grand classique superbement exécuté. Dégustation oblige, les portions sont limitées mais on ferait tout un repas de ces vapeurs.
Bon, pour tout vous dire, fidèles lecteurs, le tofu et moi, ce n'est pas Roméo et Juliette (sauf peut-être pour la fin...). Mais là, je dois avouer que, sous cette forme, il enveloppe à merveille la crevette d'un fort beau gabarit. Crousti-moelleux et très gouteux ce petit rouleau.
Le canard laqué pékinois se déguste dans des crêpes à base de farine de riz et de blé, avec des blancs de poireaux & concombre, le tout enrobé d'une sauce à base de pousse de soja fermenté. La découpe se fait évidemment au guéridon et ma Comtesse l'a immortalisée ICI. D'abord, la peau, à peine trempée dans du sucre, histoire de casser un peu le gras... puis la chair des suprêmes en petits morceaux pour garnir la crêpe. Ce serait l'un des (le ?) meilleurs de Paris que je n'en serais pas étonné.
Second service du canard pékinois: de la chair de canard émincée, sautée au wok, et servie en feuille de laitue accompagnée de sa traditionnelle sauce brune. Alors oui, nous avions le choix de la servir dans un bouillon de canard mais nous avons préféré faire light... et puis manger la laitue farcie avec les doigts comme un nem, c'est très ludique.
Elle me faisait de l’œil sur la carte, je n'ai pas hésité une seconde. Et j'ai bien fait ! Comment vous décrire la finesse, l'élégance de cette anguille subtilement fumée et à la texture entre doucement ferme et moelleuse ? Je crois que je viens de le faire...
Autre poisson, autre interprétation. Ici, nous sommes sur le crousti-sucré. Une texture étonnant de croustillant et un sucre très bien équilibré qui n'écrase pas le poisson. C'est très beau.
Encore un petit bémol. Le bœuf est certes bon mais l'accord avec le poivre n'a rien d'extraordinaire.
Que disais-je à propos du tofu ? Ah oui... eh bien, il semble que ce plat démoniaque m'ait retourné le cerveau... ou pour le moins le palais. Mode de consommation : mélanger au riz et déguster. Le riz permet d'avoir un peu de mâche et sert d'exhausteur à ma saveur subtile du crabe. Ça se mange tout seul !
Et là, ma Comtesse a une absence...de photo. Car le menu n'est pas encore terminé. Suivent :
Le « Mapo tofu » Tofu braisé en cocotte, émincé de bœuf, piment et poivre du Sichuan. Comme le précédent mais plus de gout et plus de piment !
Le Riz sauté aux fruits de mer et gingembre et les Nouilles sautées au poulet fermier sont plus que des accompagnements car on les mangerait pour eux-mêmes.
Je ne sais plus qui a commandé mais c'est une bonne pioche ! Un moelleux caramélisé très régressif.
J'avoue que, sur le papier, ce dessert n'avait pas grand chose pour me séduire, à part son aspect mystérieux peut-être. L’œuf de cane étant plus gras que l’œuf de poule, j'étais un peu réticent... Et pourtant ! Quelle merveille ! Un coulant vanillé suave, envoutant... c'est une tuerie.
La différence avec le mochi japonais, c'est cette crème fouettée qui remplace la pâte d'azuki et qui lui donne de la légèreté pour bien finir ce banquet.
Et les vins me direz-vous ? Entre amateurs, nous n'avons pas fait dans la demi-mesure...
Je pense, fidèles lecteurs, qu'à la lecture de ce compte-rendu dithyrambique, vous aurez compris que cette dégustation était de très haut niveau. Nous ne pouvons que vous conseiller de vous rendre dans ce Trésor Impérial afin de faire vous-même l'expérience de la haute cuisine chinoise. 胃.
François